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Sécheresse : la course à l’eau

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Partout dans le monde, l’été 2022 a été marqué par des épisodes de sécheresse hors norme, qui ont menacé la production agricole. En France, face à cette urgence, presque tous les départements ont imposé des restrictions d’eau. Cette pénurie a accru les tensions entre les agriculteurs, qui ont besoin d’eau pour leurs cultures, et les militants environnementaux, qui revendiquent l’eau comme bien commun.

Comment partager une ressource qui se raréfie ?

À Mauzé-sur-le-Mignon, dans les Deux-Sèvres, se trouve un des 1 000 projets de “mégabassines” qui se déploient sur le territoire français. Ces retenues d’eau, ou réserves de substitution, prélèvent l’eau de pluie qui s’infiltre dans le sous-sol en hiver dans les nappes phréatiques. En puisant puis en stockant cette eau, ces grandes piscines assurent une réserve d’eau que les agriculteurs peuvent utiliser pour irriguer leurs cultures au printemps et en été.

Ces mégaréservoirs pourraient représenter la solution optimale à la sécheresse sans précédent qui touche la France, mais aussi le reste du monde, depuis plusieurs années.

En effet, la surface agricole à irriguer en France a augmenté de 15 % au cours des dix dernières années, voire de près de 80 % dans certaines régions, comme le Nord céréalier. Cependant, ce qui semblait être une solution est devenu un problème : les militants environnementaux dénoncent l’accaparement de l’eau par les agriculteurs au détriment de tout un écosystème.

“Ce n’est pas un accaparement”

Le réservoir de Mauzé-sur-le-Mignon contient environ 260 000 m³ d’eau et permet d’alimenter cinq exploitations. Samuel et Basile, deux frères agriculteurs et éleveurs de chèvres, y sont raccordés. Selon eux, s’il n’y avait pas cette eau sécurisée, leur production de luzerne pour alimenter les chèvres aurait été compromise, voire réduite de moitié. “Ce n’est pas un accaparement”, estime François Pétorin, administrateur de la Coopérative de l’eau, qui souligne que les prélèvements d’eau l’hiver et la distribution sont très encadrés. L’État précise la quantité de mètres cubes à laquelle chaque agriculteur a droit.

“On vole l’eau de tout un territoire au profit de quelques-uns”

Julien Leguet, militant au sein de l’association “Bassines, non merci”, croit au contraire que ces “mégabassines”, comme il les appelle, représentent un accaparement de l’eau. Selon lui, le lien de cause à effet est clair entre l’assèchement de la rivière du coin et la mise en œuvre des réserves de substitution : “La grande maladie de notre territoire, c’est qu’aujourd’hui, on est en train de voler l’eau de tout un territoire et tout un écosystème au profit de quelques-uns.” Il ajoute que prélever l’eau des nappes souterraines pour la stocker en surface est une “aberration”, puisque les températures élevées peuvent entraîner l’évaporation de jusqu’à 50 % de cette eau en cas de canicule, sous 40 °C.

Pour ces raisons, depuis des années, l’association “Bassines, non merci” se bat contre ces réservoirs. Récemment, la décision a été prise de mener des actions de désobéissance civile. “On a lancé un ultimatum à l’État”, explique Julien Leguet.

Le goutte-à-goutte pour optimiser la gestion de l’eau

Comme le secteur agricole consomme déjà près de la moitié des réserves d’eau douce en France, et que la sécheresse place de plus en plus de régions en situation de pénurie, les agriculteurs cherchent à tirer le meilleur parti d’une ressource de plus en plus limitée. Alexandre Grenot, producteur de maïs à pop-corn installé à Thénac, en Charente-Maritime, utilise une méthode qui lui permet d’utiliser 50 % d’eau en moins sur ses cultures : le goutte-à-goutte. Concrètement, il s’agit d’un système de petits tuyaux troués qui déversent des gouttes d’eau directement au niveau des racines. “Le goutte-à-goutte, c’est 50 % de moins d’eau consommée et au moins deux tiers d’économies au niveau de la facture d’électricité”, vante Alexandre Grenot. Mais le coût est ailleurs : 300 euros par hectare, sans compter la main-d’œuvre pour la mise en place du système. Un dispositif efficace pour irriguer mieux, mais cher, dont tous les agriculteurs sont loin de pouvoir se permettre l’installation.

L’utilisation des eaux usées pour l’irrigation

Mais il existe aussi une autre voie pour s’assurer que les agriculteurs disposent d’assez d’eau pour irriguer, sans porter atteinte aux écosystèmes : l’utilisation des eaux usées. Actuellement, en France, moins de 2 % de ces eaux qui proviennent des maisons, toilettes ou machines à laver par exemple, sont utilisées pour l’agriculture. Nassim Ait Mouheb, chercheur à l’Inrae, explique comment une station d’épuration expérimentale permet de traiter les eaux usées et de les restituer à l’environnement. Grâce à des filtres, l’appareil peut en effet améliorer la qualité de l’eau, qui peut ensuite être utilisée pour l’irrigation. Cependant, Nassim Ait Mouheb souligne que ce type d’innovation n’est pas la solution miracle : “L’eau usée traitée, c’est une partie de la solution, mais il faut réfléchir à un changement plus large.” D’autres pays comme la Tunisie, l’Espagne ou l’Italie utilisent les eaux usées de 10 à 25 %. Une piste sérieuse, que la France pourrait aussi adopter.

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Written by Stephanie

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