Le site Kiwi Farms, connu pour ses campagnes de harcèlement en ligne, a été bloqué par Cloudflare et DDoS-Guard, deux services en charge de la sécurité du site.
La streameuse Clara Sorrenti, connue sous le nom de Keffals sur Twitch, a été victime d’attaques la visant: des données personnelles ont été diffusées publiquement avant de se transformer en harcèlement. Tout se passe sur le site Kiwi Farms, créé en 2013, un forum principalement dedié au cyberharcèlement. Cloudflare, qui lui fournissait des services de sécurité, a pris la décision de bloquer le forum à la suite de menaces précises et ciblées, au même titre de DDoS-Guard, qui avait été sollicitée par l’équipe de Kiwi Farms pour prendre la suite. Un message d’erreur apparaît désormais lorsqu’un internaute désire accéder au forum en question.
Une streameuse visée
Canadienne et activiste transgenre, la streameuse Clara Sorrenti est devenue la cible de Kiwi Farms après avoir acquis une certaine notoriété sur Twitch. Sur sa chaîne, elle explique les lois et l’actualité politique à un public majoritairement constitué d’adolescents LGBTQ. Elle se filme en train de jouer à des jeux vidéo ou simplement en train de répondre aux questions des internautes, relate le Washington Post. Après qu’un streamer ayant critiqué Clara Sorrenti a été banni de Twitch en mars, les utilisateurs de Kiwi Farms ont créé un fil de discussion sur la streameuse comprenant des images sexuellement explicites d’elle, des numéros de téléphone et des adresses personnelles.
NBC News explique que Clara Sorrenti a tout d’abord été victime de doxxing, une pratique consistant à divulger des informations permettant d’identifier une personne dans une intention malveillante. Puis de swatting, désignant l’envoi par une personne anonyme d’une fausse information urgente à la police concernant un crime violent, dans l’espoir que les forces de l’ordre y fassent une descente et blessent potentiellement la personne qui s’y trouve. Clara Sorrenti s’est ainsi retrouvée, sans raison, mise en joue à son domicile de London, dans l’Ontario (Canada). Elle a ensuite dû quitter son domicile pour des raisons de sécurité.
Deux blocages successifs
La campagne de la streameuse contre Cloudflare est devenue virale ces derniers jours, Des organisations et des influenceurs qui se sont joints à l’appel pour interdire Kiwi Farms du service de Cloudflare. Une première étape a été franchie samedi puisque Cloudflare, a bloqué l’accès depuis les serveurs. A son tour l’entreprise russe DDoS-Guard, vers qui s’est tourné Kiwi Farms après le premier blocage, a également bloqué l’accès au site ce lundi.
Matthew Prince, le directeur général de Cloudflare a réagi dans un communiqué: “il aurait été approprié en tant que fournisseur d’infrastructure d’attendre une procédure judiciaire, mais dans ce cas, la menace imminente et urgente pour la vie humaine qui continue de s’aggraver nous amène à prendre cette mesure”. Cette décision a été prise après plusieurs semaines de pression.
Malgré cette initiative, Matthew Prince estime que cette décision “risque de ne pas régler le problème et, pire encore, de l’aggraver car les utilisateurs de Kiwi Farms se sentent attaqués” a-t-il déclaré au Washington Post. Cependant, les utilisateurs du forum pourront toujours trouver des solutions de repli pour poursuivre leur activité.
Comme l’explique une capture d’écran partagée sur Twitter, CloudFlare comme DDoS-Guard ne sont pas hébergeurs du forum, mais le protègent contre des attaques informatiques “de déni de service” consistant à inonder ses serveurs pour le saturer et le rendre innaccessible. En faisant “tampon” entre le site et les internautes, ces prestataires ont ainsi le pouvoir de couper l’accès à la plateforme.
Kiwi Farms est né en 2013 et lancé par Joshua Moon, un ancien administrateur du forum 8chan, un site abritant de nombreux propos extrémistes, haineux ou complotistes. Le site enregistre 16.000 connexions quotidiennes. Selon Vice, au moins trois personnes se sont suicidées après avoir été la cible des campagnes de harcèlement de Kiwi Farms. Les membres de la communauté LGBTQ et les femmes sont des cibles fréquentes.
Depuis 2019, le site est bloqué en Nouvelle-Zélande, après avoir refusé de transmettre les informations sur ses utilisateurs qui avaient publié sur le forum le manifeste et la vidéo de l’auteur de l’attentat de Christchurch, rappelle Le Monde.