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Les raisons du retard français en matière de production et d’installation d’éoliennes


Bocages denses, bois, banlieues

12,6 – 16,2

16,2 – 18

18 – 21,6

> 21,6

Rase campagne

16,2 – 19,8

19,8 – 23,4

23,4 – 27

Pairies plates

18 – 21,6

21,6 – 25,2

25,2 – 30,6

> 30,6

Lacs, mer

19,8 – 25,2

25,2 – 28,8

28,8 – 32,4

> 32,4

Crêtes, collines

25,2 – 30,6

30,6 – 36

36 – 41,4

> 41,4

La moitié de la puissance installée en France l’est dans les Hauts-de-France (5,4 gigawatts) et la région Grand-Est (4,3 gigawatts). L’Occitanie complète le podium avec 1,6 GW installé, ce qui est peu pour une région très favorisée en matière de vents.

Retard sur ses voisins européens

Le Danemark, lui, a créé son premier parc éolien en mer en 1991, à Vindeby, qui a été exploité pendant vingt-cinq ans jusqu’à son démantèlement en raison de son ancienneté en 2017. Le premier parc éolien français, installé au large de Saint-Nazaire, a été attribué en 2011, mais son raccordement final n’a eu lieu qu’en 2022, soit onze ans après.

Si l’on compare la France à l’Allemagne et au Royaume-Uni – des pays proches géographiquement, de population et de superficie du même ordre de grandeur et disposant de gisements éoliens comparables –, son retard est évident. Les Britanniques et les Allemands ont installé davantage de turbines, avec lesquelles ils ont produit respectivement 21 % et 23 % de leur électricité en 2021. Contre 7,8 % pour la France.

Ce retard de la part d’éolien dans la production française se retrouve aussi du côté de la puissance installée. Les Britanniques émargent à 25,7 GW contre 63,7 GW pour les Allemands en 2021. La France disposait, elle, toujours pour 2021, de 18,7 GW – et 20 GW au 30 juin 2022.

En 2021, seul 1,3 gigawatt de puissance a été installé et raccordé au réseau électrique français, soit 7 % de la puissance totale installée entre les années 1990 et l’année 2021.

Une certaine inconstance politique sur l’éolien

Terrestre ou éolien, Paris s’y est de toute façon mis plus tard que ses voisins. Le premier programme d’appels d’offres date de 1996 et, de manière générale, la France n’a pas prêté autant d’intérêt que ses voisins aux énergies renouvelables et à l’éolien en particulier. Notamment en raison de la part prépondérante du nucléaire dans la politique énergétique française.

Parmi les premières raisons du retard français, on trouve le manque de constance politique en matière d’énergie renouvelable, et d’éolien en particulier. Depuis 2020 – et le discours hostile à l’éolien terrestre d’Emmanuel Macron prononcé à Pau –, il y a « une nouvelle actualité » explique Jérémy Simon, le délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER) chargé de l’éolien : « C’est le délai de délivrance des autorisations. » C’est-à-dire que « les préfets, en fonction des contextes locaux ou des déclarations de l’exécutif, mettent le pied sur le frein », déplore M. Simon. En clair, « seule la signature du préfet manque » et cela crée des retards importants quand bien même toutes les autorisations ont été obtenues.

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Il est d’autant plus difficile pour la filière de se structurer que le discours politique change sans cesse. M. Macron avait en effet passé les premières années de son premier mandat à « accélérer les investissements dans le renouvelable » et avait promis de « doubler la capacité de l’éolien français ». Et si le président de la république actuel est l’exemple le plus récent en la matière, cette inconstance politique sur les renouvelables était aussi partagée par François Hollande ou Nicolas Sarkozy.

L’aspect réglementaire joue lui aussi un rôle important, explique Aurore-Emmanuelle Rubio, car pour « porter une filière, il faut une réglementation simple et claire ». Or, selon l’avocate spécialisée dans le secteur de l’énergie, « il y a eu une insuffisance de planification et de coordination dans les projets jusqu’ici » et même quelques « lourdeurs administratives » qui ont participé à ce manque de stabilité. La filière française a pâti d’une « réglementation changeante ».

Ainsi, il y avait par exemple jusqu’en 2014 – date de leur suppression – des zones identifiées pour le développement de l’éolien, les ZDE, qui se sont révélées être une source importante de contentieux, favorisant ainsi une insécurité juridique des projets éoliens.

Enfin, se pose la question de l’acceptabilité locale « sur laquelle la France n’a peut-être pas suffisamment travaillé », estime Mme Rubio. Il existe pourtant plusieurs solutions en la matière. L’Allemagne a par exemple associé les communes aux projets éoliens, ce qui leur permet de percevoir des recettes fiscales – c’est d’ailleurs une des pistes de la loi qui doit être présentée en France fin septembre.

Des oppositions locales

Il existe plusieurs types d’opposition locale à l’éolien, qui va de « gens sincères qui, pour arriver à leurs fins, utilisent une forme de harcèlement judiciaire » à des opposants « qui trouvent que l’éolien c’est moche ou nul et que ça gâche le paysage », détaille Jérémy Simon, du SER. Ceci en passant par des « opposants plutôt dans la mouvance décroissante et d’extrême gauche qui estiment que les éoliennes sont une mauvaise solution à un vrai problème énergétique » ou « des anciens cadres du nucléaire qui n’ont pas envie que leur pays s’oriente vers un mix complémentaire d’énergies décarbonées ».

De fait, si les projets de parc éolien sont rarement annulés par la justice, ils sont systématiquement ou presque attaqués devant la justice administrative, entre autres par la Fédération environnement durable (FED), principale association antiéolienne française.

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Ces opposants à l’éolien sont parfois rejoints par des politiques nationaux ou des personnalités comme Stéphane Bern, qui « essaie de sauver le patrimoine avec les Français ». On compte parmi les politiques Marine Le Pen, qui proposait lors de la campagne présidentielle de 2022 de démanteler les éoliennes déjà installées.

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Des contentieux en masse

Depuis le démarrage, dans les années 2000, de la filière éolienne terrestre française, le principal frein « ce sont les contentieux », explique encore le délégué général adjoint SER. Précisément « sept projets d’éolien terrestre sur dix font l’objet d’un recours » en justice, quand, finalement, « seuls un ou deux [projets] sont effectivement annulés par la justice », estime Jérémy Simon.

Mais avec trois degrés de justice administrative – tribunaux administratifs, cours administratives d’appel, Conseil d’Etat – il faut compter de cinq à sept ans pour réaliser un projet éolien terrestre en France (contre trois à quatre en Allemagne) et onze ans pour le seul projet en mer réalisé (contre cinq à six ans outre-Rhin).

L’Hexagone est en retard aussi sur le photovoltaïque puisque la France a atteint 15,2 GW de puissance installée – et n’a fourni que 3,8 % de l’électricité lors du premier semestre 2021 –, alors que la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit un objectif de 20,1 GW pour la fin de l’année 2023.

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Written by Stephanie

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