Le gouvernement du Québec pourrait engranger des revenus de 12 G$ sur dix ans pour financer le transport collectif grâce à de nouvelles mesures d’écofiscalité et de lutte contre les changements climatiques.
C’est la conclusion à laquelle est parvenu l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans une nouvelle étude publiée jeudi.
Pour l’IRIS, trois mesures pratiques sont à même de combler le manque à gagner dans les budgets de fonctionnement des réseaux de transport en commun. L’organisme propose de consacrer une partie des recettes de la TVQ sur le carburant au transport collectif, d’augmenter la contribution des camions légers comme les VUS et de hausser la taxe sur les véhicules de luxe.
«En consacrant les revenus de l’écofiscalité à un fonds dédié au transport en commun, le gouvernement incitera les Québécois et Québécoises à faire des choix écologiques en matière de mobilité», a indiqué Colin Pratte, chercheur à l’IRIS et coauteur de l’étude.
Selon l’étude de l’IRIS, les émissions de gaz à effet de serre attribuables au transport léger ont bondi de 26 % en 30 ans au Québec, annulant ainsi de moitié les émissions réalisées par les industries québécoises.
«Ces données montrent bien la persistance des Québécois et Québécoises à utiliser des véhicules individuels pour se déplacer, ce qui limite les gains possibles en matière de réduction des gaz à effet de serre», a déploré le chercheur.
«L’amélioration du réseau de transport collectif aiderait non seulement les ménages à réduire leur dépendance à l’automobile, mais cela contribuerait également à protéger leur pouvoir d’achat face à l’inflation», a expliqué Bertrand Schepper, chercheur et coauteur de l’étude.
Sous-financé
Les réseaux de transport en commun souffrent d’un sous-financement important causé en partie par une baisse de l’achalandage durant la pandémie de COVID-19, ce qui risque de causer à l’autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) un manque à gagner annule de 150 à 200 millions $.
M. Schepper remarque que les recettes fiscales issues de l’utilisation du transport en commun augmentent cinq fois plus rapidement que celles issues de l’usage du réseau routier, notamment les frais d’immatriculation et les taxes sur l’essence.
«Il faut corriger le déséquilibre entre la contribution des automobilistes et celle des personnes qui utilisent les transports en commun si l’on veut réduire la facture que celles-ci assument», a-t-il plaidé.