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Le vol surprenant des rapaces


C’est un spectacle habituel que tout vacancier aura pu facilement observer cet été sur le bord des routes : juché sur un poteau, un splendide rapace se tient, immobile. La vision serait tout à fait parfaite si l’on n’avait la désagréable impression que l’oiseau attend que se produise un événement tragique impliquant un véhicule et un rongeur. Mais comment lui en vouloir ? Avant l’invention du fusil, les hommes aussi savaient que la chasse est un art de la ruse, difficile et fatigant, aux succès aléatoires et souvent maigres…

Une preuve supplémentaire en est apportée par un article très récent de physiciens et écologues israéliens, qui ont équipé de dispositifs de localisation une centaine de rapaces (chouettes effraies, faucons crécerelles et élanions blacs) vivant principalement dans une vallée du nord d’Israël. Ils ont enregistré leurs déplacements pendant des mois, et ont ainsi décrit avec une précision inédite la façon très particulière qu’ont ces rapaces de parcourir leur territoire. Ils alternent deux phases, dont l’une est rapide, en ligne droite, et vise simplement à passer d’un lieu d’affût à un autre. La seconde, appelée « recherche active locale » correspond à la phase de chasse proprement dite. Elle est composée d’une alternance de vols courts dans toutes les directions, et de stations de durées variables dont les caractéristiques se sont révélées intéressantes et complexes.

Diffusion anormale

Pour comprendre cette complexité, les scientifiques ont comparé la séquence de chasse avec le mouvement brownien que fait une particule de taille micrométrique comme un pollen qui flotte à la surface de l’eau : à cause des chocs aléatoires reçus des molécules d’eau (soumises à une agitation thermique constante et désordonnée), le pollen va explorer la surface de façon erratique en effectuant un mouvement dit de « diffusion normale ». Ce mouvement a été décrit par Albert Einstein en 1905 : la région typique visitée par le pollen depuis son point de départ est un cercle dont le rayon croît proportionnellement à la racine carrée du temps √(t), soit beaucoup plus lentement qu’une distance parcourue en ligne droite à vitesse constante (elle proportionnelle au temps). On rencontre cette diffusion normale et sa signature mathématique √(t) dans énormément de systèmes physiques, économiques ou sociaux où des grandeurs sont soumises à des interactions aléatoires, comme le pollen avec les molécules d’eau.

Avec un éventail très large de temps d’attente, la présence en vol des rapaces est imprédictible pour les proies

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