Notre tournée vin-géologie s’arrête aujourd’hui en Bourgogne, dans ces « climats » si renommés et aux sols riches, hérités de la présence d’une ancienne mer tropicale il y a 200 millions d’années.
La renommée des vins de Bourgogne n’est pas discutable. Entre blancs et rouges, la région produit en effet des vins parmi les plus chers au monde. Au niveau des cépages, le chardonnay et le pinot noir sont rois, même s’ils se disputent avec les aligoté, melon de Bourgogne, sacy et sauvignon du côté des blancs ou encore les gamay, pinot gris, césar et tressot du côté des rouges.
Un sol argilo-calcaire hérité d’une ancienne mer tropicale
Les terroirs viticoles de Bourgogne s’étalent sur six régions différentes, comme le chablis et Grand Auxerrois, ou encore les Côte et Haute-Côte de Nuits, ayant chacune leurs spécificités environnementales, qui donnent toutes leurs caractéristiques aux vins bourguignons.
À plus petite échelle, les vignerons ont depuis le Moyen Âge délimité leurs parcelles en différents « climats », un terme qui n’a rien à voir avec la météorologie et qui est d’ailleurs entré au patrimoine mondial de l’Unesco en 2015. Les différents climats du vignoble de Bourgogne se définissent ainsi suivant des caractéristiques hydrométriques, d’exposition et géologiques bien particulières.
Du point de vue de la géologie d’ailleurs, contrairement à l’Alsace qui présente un très important panachage de roches au sein des parcelles, les terroirs de Bourgogne reposent essentiellement sur un sol de nature argilo-calcaire. L’origine de ces roches remonte à environ 200 millions d’années (Jurassique). Il faut s’imaginer la région alors envahie par une mer tropicale chaude et peu profonde, au fond de laquelle vont venir se déposer des sédiments calcaires, en alternance avec des strates plus argileuses que l’on appelle des marnes.
Au fil des millions d’années, ce sont ainsi plusieurs centaines de mètres de sédiments qui vont venir s’empiler et se compacter pour former des roches indurées que l’on peut aujourd’hui observer sur le terrain. La région possède d’ailleurs plusieurs carrières exploitant ces roches calcaires pour produire des pierres ornementales.
Soulèvement des Alpes, rivières et glaciers : les grands architectes de la région
Bien sûr, depuis, cette mer tropicale a disparu, notamment sous l’effet du soulèvement créé par la poussée des Alpes, il y a 30 millions d’années. La formation de cette chaîne de montagne, qui résulte de la collision des plaques africaine et européenne, affecte en effet toute l’Europe et va modeler le paysage de façon durable. C’est ainsi que se forment notamment le fossé rhénan et les collines sous-vosgiennes qui abritent aujourd’hui le vignoble alsacien.
Du côté de la Bourgogne, c’est le fossé d’effondrement de la Bresse qui se dessine durant l’Oligocène, par le jeu de plusieurs grandes failles orientées nord-sud et qui délimitent aujourd’hui certains terroirs, comme la Côte de Beaune et la Côte de Nuits, la Côte chalonnaise, le Mâconnais et le Beaujolais.
Puis, ce sont les cours d’eau, mais surtout les glaciers, qui vont façonner les reliefs bourguignons comme le Chablis, le Tonnerre et l’Auxerre. Eau et glace participent également à l’altération et à la dissolution des roches calcaires, une étape essentielle dans la formation des sols, dont le rôle est crucial pour la croissance de la vigne. Les sols, en fonction de leurs compositions, assurent en effet un apport en nutriments, mais participent aussi à la rétention de l’eau et au drainage, des facteurs variables en fonction des terroirs et qui vont influencer le vignoble et donc la saveur des vins.
Les vins de Bourgogne bénéficient surtout d’un savoir-faire ancestral, adapté de génération en génération par les vignerons afin de tirer le meilleur parti de la situation géologique, topographique et d’exposition des différents terrains.