Comment s’assurer qu’en cas de coupure électrique volontaire (délestage) les réseaux télécoms continuent de fonctionner ? Le gestionnaire du réseau d’électricité (RTE) a beau penser qu’une « mobilisation générale » permettra d’échapper aux délestages cet hiver, la question provoque des sueurs froides chez les opérateurs et jusqu’aux cabinets ministériels. Car, sans électricité, plus d’antennes relais et, donc, plus de téléphonie mobile.
Or, aujourd’hui, près de 90 % des appels d’urgence sont passés depuis un mobile. Personne ne veut revivre le drame de la panne, le 2 juin 2021, des numéros d’urgence gérés par Orange : six personnes sont mortes faute de n’avoir pu joindre les secours. Identifié depuis des semaines, le sujet a été évoqué, le 13 septembre, lors d’une première réunion entre Jean-Noël Barrot, le nouveau ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications, et les opérateurs. Un nouveau rendez-vous est prévu pour début octobre pour trouver la solution et rassurer tout le monde.
« Nous n’avons aucune garantie technique de la part d’Enedis »
Depuis des mois, les télécoms demandent à figurer dans la liste des « clients prioritaires » exemptés de délestage telle que fixée par l’arrêté du 5 juillet 1990, au même titre que les hôpitaux ou les installations industrielles indispensables à la défense nationale. Les opérateurs aimeraient aussi être fixés techniquement. « A ce jour, nous n’avons aucune garantie technique de la part d’Enedis qui nous permette de nous assurer qu’une antenne relais ne serait pas coupée lors d’un délestage », explique Liza Bellulo, secrétaire générale de Bouygues Telecom.
Enedis, la filiale d’EDF chargée de la gestion du réseau de distribution d’électricité, assure être « en capacité d’isoler techniquement les tronçons de réseau moyenne tension alimentant ces clients prioritaires en cas de coupures exceptionnelles » et rappelle que « des installations d’opérateurs télécoms peuvent être définies par les préfectures comme étant à exclure » des délestages.
Mais Enedis ne veut pas porter seule la responsabilité d’une éventuelle coupure. « Un extrait du guide Orsec G5 sur le rétablissement et l’approvisionnement d’urgence des réseaux électricité, communications électroniques, eau, gaz, hydrocarbures rappelle que l’utilisateur dont l’activité ne peut pas supporter une coupure ou une interruption d’un réseau doit s’équiper de moyens palliatifs propres », souligne le gestionnaire du réseau.
En clair, les opérateurs télécoms doivent installer au pied de leurs antennes des groupes électrogènes ou des batteries capables de prendre le relais du réseau électrique. « Certains sites majeurs disposent déjà de groupes électrogènes ou de microbatteries, mais c’est inenvisageable pour les 60 000 tours de téléphonie mobile que compte la France », rétorque SFR, qui dit réfléchir assidûment au sujet.
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