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Le monde se dirige vers 16 points de basculement « dangereux »



L’objectif fixé par l’Accord de Paris sur le climat est de maintenir le réchauffement climatique anthropique en cours sous de la barre des +1,5 °C. Or, il semble aujourd’hui déjà presque hors d’atteinte. Pourtant, des scientifiques nous préviennent. Même à ce niveau-là, des points de non-retour seront sans doute franchis. Et plus encore, avec un risque d’effet domino, au-delà de +2 °C de réchauffement.

Les experts s’accordent à le dire. Sauf à réussir à diviser nos émissionsémissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030 et à atteindre le zéro émission nette en 2050, nous n’aurons que 50 % de chance d’atteindre l’objectif fixé en 2015 par l’Accord de Paris sur le climatclimat de limiter le réchauffement climatique anthropique à +1,5 °C au-dessus des températures préindustrielles.

Une nouvelle étude vient aujourd’hui confirmer à quel point cela pourrait être dommageable. Une étude que certains n’hésitent pas à qualifier d’étude « la plus importante de tous les temps ». Une étude consacrée aux points de non-retour.

Des points de basculement, devrait-on sans doute plutôt dire. Selon le GiecGiec, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, ils correspondent à des « seuils critiques au-delà desquels un système se réorganise, souvent brutalement et/ou de manière irréversible ». Comprenez que, lorsqu’ils sont franchis, ces seuils déclenchent des bouleversements à grande échelle et potentiellement irréversibles pour une région particulière du système terrestre. L’analogieanalogie proposée par Carbon Brief est intéressante. Un point de basculement, c’est un peu comme lorsque vous finissez par retirer la mauvaise brique d’une tour au Jenga. Tout s’effondre !

Des points de basculement passés au crible

En 2008, Tim Lenton, chercheur à l’université d’Exeter (Royaume-Uni), avait été le premier à évaluer ces points de basculement. Il fait aujourd’hui partie de l’équipe qui propose une mise à jour de cette évaluation. Une mise à jour basée sur une revue de centaines de travaux scientifiques. Le constat est sans appel. « La liste des points de basculement s’est allongée et notre évaluation du risque qu’ils posent a considérablement augmenté », confie le chercheur au Guardian.

Le saviez-vous ?

Certains scientifiques définissent les points de basculement comme des systèmes qui changent rapidement une fois qu’un seuil est franchi. Or ce n’est pas le cas, par exemple, pour la calotte glaciaire arctique. Elle pourrait mettre mille ans à fondre. Mais il existe bien un point au-delà duquel la fonte ne peut plus être arrêtée. C’est cette définition-là que les chercheurs ont retenue dans leur nouvelle étude. Celle d’un changement qui s’autoperpétue du fait d’une boucle de rétroaction conduisant irrémédiablement le système vers un nouvel état, même sans réchauffement supplémentaire.

La nouvelle étude identifie en effet un total de 16 éléments de basculement. Neuf qui affectent effectivement l’ensemble du système Terre et sept avec des conséquences régionales profondes. En 2008, il en avait été pointé neuf seulement. Et pas forcément les mêmes. Cette mise à jour devrait donc permettre de reconcentrer les efforts. D’autant qu’elle décrit aussi les seuils de température pour chacun des points de basculement. Ainsi que leurs échelles de temps et leurs impacts.

Des systèmes au bord du gouffre

Plus inquiétant encore qu’un nombre de points de basculement qui augmente, le fait que les chercheurs estiment que le réchauffement climatique actuel — d’environ +1,2 °C au-dessus des moyennes préindustrielles — a peut-être déjà mené notre Planète au-delà d’un état climatique « sûr ». De premiers points de basculement pourraient même avoir été franchis. De sérieux signaux d’alerte ont été émis du côté de la calotte glaciaire arctique, de la forêt amazonienne ou encore de la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (Amoc). De nombreux travaux suggèrent que la calotte ouest antarctique est extrêmement proche de son point de non-retour. Si elle ne l’a pas déjà dépassé…

L’Antarctique se rapproche du point de non-retour : « L’ampleur du phénomène nous a choqués »

Si nous devions atteindre les fameux +1,5 °C de réchauffement prévus par l’Accord de Paris, quatre autres points de basculement seraient « probablement » franchis et cinq de plus, « possiblement ». Les glaciersglaciers de nos montagnes seraient menacés tout comme les forêts boréalesforêts boréales. Ce serait bien pire encore, vous l’imaginez, si la trajectoire actuelle d’un réchauffement de l’ordre de +2,5 °C était maintenue.

Ces travaux ne doivent toutefois pas être pris pour plus qu’ils ne sont. À savoir, une « bonne première étape » dans l’évaluation des points de basculement. Car les incertitudes restent importantes et les prévisions des modèles climatiquesmodèles climatiques à ce sujet finalement assez peu fiables.

Un autre phénomène reste également à prendre en compte : la cascade de basculement. Une sorte d’effet domino envisagé par les chercheurs d’un point de basculement qui pourrait en entraîner d’autres. Et abaisser ainsi les seuils de non-retour. De quoi, une fois de plus, encourager à une action urgente pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.


Changement climatique : la moitié des points de non-retour atteints plus vite que prévu

En matièrematière de climat, les scientifiques définissent des points de non-retour comme des seuils qui, une fois dépassés, entraînent des changements importants au niveau de notre planète. Et justement, certains d’entre eux seraient d’ores et déjà dépassés, faisant craindre une cascade de conséquences dramatiques.

Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 28/11/2019

« Il y a une décennie, nous avons identifié une série de points de non-retour potentiels dans le système terrestre. Les politiciens, les économistes et même quelques scientifiques refusaient de croire qu’ils puissent un jour être atteints. Pourtant aujourd’hui, nous avons la preuve que plus de la moitié d’entre eux ont été dépassés. » C’est le triste constat que partagent des chercheurs dans la revue Nature. En cause, vous l’aurez compris : le réchauffement climatique provoqué par les activités humaines.

Nous avons sous-estimé les risques.

Comme c’est le cas pour les émissions de gaz à effet de serre, les pressionspressions augmentent et continuent à s’élever au-delà de niveaux déjà sans précédent. « Mais nous devons aussi reconnaître que nous avons sous-estimé les risques », souligne Johan Rockström, directeur de l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam (Allemagne). Ceux d’une Terre qui finalement semble « autoamplifier » son réchauffement. Et pour définir à quel point, les chercheurs devront encore travailler dur.

Par le passé, les experts pensaient ainsi que pour mettre en danger notre planète, il faudrait atteindre une température de 5 °C supérieure aux moyennes préindustrielles. Ils ont, depuis, revu leur copie. Ils estiment désormais qu’un réchauffement de 1 à 2 °C serait suffisant pour provoquer une cascade de catastrophes.

Limiter nos émissions de toute urgence

Or la température globale est aujourd’hui déjà de 1,1 °C supérieure aux moyennes préindustrielles. Et il est probable que la Terre franchira la barre des +1,5 °C dès 2030. Il n’y a, de toute évidence, plus de temps à perdre pour déclarer un état d’urgence planétaire. Car, à en croire les chercheurs, le réchauffement climatique menace désormais l’existence même des civilisations humaines.

Dressant la liste des effets du changement climatique qui pourraient d’ores et déjà être irréversibles, ils évoquent la fontefonte de la calotte glaciairecalotte glaciaire antarctique et la disparition du permafrostpermafrost arctique qui pourraient provoquer une montée du niveau de la mer de dix mètres. La disparition de larges pans de forêts boréales et de la forêt amazonienne, également, qui entraîne une libération supplémentaire de CO2 dans l’atmosphèreatmosphère. Mais aussi le blanchiment des coraux ou encore le ralentissement du Gulf Stream.

« Il ne s’agit pas d’être alarmiste, remarque Tim Lenton, chercheur à l’université d’Exeter (Royaume-Uni). Même s’il faut désormais agir de toute urgence et que peut-être LE point de non-retour a déjà été franchi, nous avons encore le pouvoir de limiter les risques encourus… en réduisant immédiatement nos émissions ».

 

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