Le temps est à l’orage pour les grands patrons néerlandais. Trois d’entre eux, les dirigeants de Philips, de Shell et de l’aéroport de Schiphol sont contraints de passer la main, et un quatrième, Frits van Eerd, PDG de la chaîne de supermarchés Jumbo, a vu, vendredi 16 septembre, sa mise en détention prolongée de deux semaines, dans le cadre d’une vaste enquête pour fraude et blanchiment.
Le départ de Frans van Houten, 62 ans, patron de Philips depuis 2010, a été annoncé à la fin août et sera acté par les actionnaires le 30 septembre. La chute brutale de l’action Philips depuis le début de l’année empêchera ce dirigeant, entré dans l’entreprise d’Eindhoven en 1986, d’assumer un quatrième mandat.
Il paie le fiasco d’appareils de traitement de l’apnée du sommeil qui ont des effets dommageables pour la santé, en raison de la présence d’une mousse insonorisante et apparemment toxique, voire cancérogène. Philips a lancé une annonce de rappel de certains appareils en 2021 et doit désormais faire face à de nombreuses plaintes qui pourraient lui coûter très cher. Une procédure collective a été lancée en France, où quelque 370 000 appareils sont utilisés. Son successeur, Roy Jakobs, occupera son fauteuil, le 15 octobre.
Mauvaise performance
Ben van Beurden, 64 ans, directeur général du pétrolier Shell, paie également une mauvaise performance, traduite par la baisse du dividende de la société : en 2020, il a dû être réduit, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale. L’annonce, par le patron, à la fin de 2021, du déménagement du siège et de la localisation fiscale de la société d’Amsterdam vers Londres lui a également été reprochée, comme son coup de poker : le rachat, bouclé en 2016, du groupe pétrolier et gazier britannique BG Group, pour la bagatelle de 46 milliards d’euros.
Le recentrage du groupe sur le gaz naturel liquéfié et les forages en eau profonde a été soutenu par les actionnaires, mais ils ont fini par estimer que cela contribuait à entraver la croissance du groupe, confronté par ailleurs à une offensive d’ONG environnementales. Elles ont obtenu de la justice qu’elle contraigne Shell à réduire de 45 % ses émissions de CO2 d’ici à la fin de 2030. Ce sera l’un des défis du successeur de M. van Beurden, Wael Sawan, jusqu’ici responsable… des énergies faiblement carbonées.
« J’ai fait de mon mieux »
A l’aéroport de Schiphol-Amsterdam, deuxième « hub » européen, Dick Benschop, 64 ans, aura été contraint d’anticiper de quatre ans la fin de son mandat et, comme ses confrères, d’envisager la retraite plus tôt que prévu. « J’ai fait de mon mieux, mais nous n’y sommes pas encore », a expliqué, jeudi 15 septembre, cet ancien secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, dans une allusion à l’afflux de passagers que l’aéroport n’est pas arrivé à gérer depuis des mois.
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