Alors que la planète brûle et que les dépenses des ménages s’envolent, « l’industrie des combustibles fossiles se régale de centaines de milliards de dollars de subventions et de bénéfices exceptionnels ». Une fois de plus, Antonio Guterres n’a pas mâché ses mots lors de son discours d’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU, mardi 20 septembre. Le secrétaire général a appelé les Etats riches à taxer ces profits pour les redistribuer aux pays victimes des conséquences du changement climatique et aux populations touchées par l’inflation.
Les industriels du charbon, du pétrole et du gaz − énergies responsables du dérèglement climatique − « devraient passer moins de temps à faire de la publicité pour éviter un désastre de communication et plus à éviter un désastre planétaire », a encore lancé Antonio Guterres. Le patron de l’ONU a également tancé les dirigeants politiques, dénonçant une action climatique « mise en veilleuse » alors que « nous avons rendez-vous avec la catastrophe climatique ».
Après un été marqué par une succession d’événements extrêmes, la lutte contre le dérèglement climatique essaie de se frayer une place dans un agenda diplomatique tendu, et occupera une partie des discussions de l’Assemblée générale cette semaine. « Les pays sont en mode défensif, analyse Rachel Kyte, doyenne de la Fletcher School de l’université de Tufts (Etats-Unis). On observe une érosion de l’élan politique dans un monde qui est devenu plus compliqué », avec la guerre en Ukraine, l’inflation et les crises énergétique, alimentaire ou de la dette. Cette Assemblée générale devra « connecter toutes les crises entre elles » et « mettre en valeur des réponses communes, comme le financement », juge de son côté Laurence Tubiana, la directrice de la Fondation européenne pour le climat.
Indemniser les « pertes et dommages »
Les Etats sont attendus en priorité sur une question désormais incontournable dans les négociations climat : celle des « pertes et dommages », les dégâts irréversibles entraînés par la multiplication des événements extrêmes. Avec les inondations meurtrières au Pakistan, qui ont fait 1 500 morts et causé pour près de 30 milliards de dollars (autant d’euros) de dégâts, « on ne peut plus mettre ce sujet sous le tapis, avance Ulka Kelkar, directrice climat du World Resources Institute (WRI) pour l’Inde. On attend une solidarité de la part des pays développés, une reconnaissance de leur responsabilité historique dans le changement climatique. »
Les pays en développement, les plus affectés mais aussi les moins responsables du réchauffement, demandent un nouveau mécanisme de financement spécifique pour leur permettre de faire face à ces dégâts, ce que refusent pour l’instant les pays développés. Le dossier sera au centre de la prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP27, qui se tiendra en Egypte en novembre. Il sera notamment porté par le Pakistan, qui préside cette année le groupe de négociation « G77 et Chine », représentant 134 pays du Sud.
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