C’est un nouveau fiasco dans le transport maritime d’animaux, qui illustre les limites de la législation encadrant ce secteur. Partis de Sète (Hérault) le 3 septembre, à bord du cargo Nader A, pour être exportés vers l’Algérie, 789 taurillons ont été refusés au débarquement à leur arrivée au port d’Alger, le 5 septembre, et devront revenir en France pour y être… euthanasiés. Au cœur de cet imbroglio : un soupçon, par Alger, d’infection de trois de ces bovins à la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR), une maladie respiratoire virale, fortement contagieuse.
Pour le ministère de l’agriculture français, le blocage provient « d’une différence d’interprétation par les autorités algériennes sur le statut sanitaire de ces animaux ». Le ministère assure que si trois de ces taurillons présentaient un document stipulant une positivité à l’IBR, c’est parce qu’ils avaient justement été vaccinés contre cette maladie. Les échanges entre autorités françaises et algériennes n’ont toutefois pas convaincu ces dernières, qui ont refusé que les bovins soient déchargés au port d’Alger.
Après deux semaines où le navire est resté à quai, il a donc dû rebrousser chemin pour revenir vers la France. Le ministère de l’agriculture n’a pas confirmé le lieu de retour prévu, mais le Nader A devrait, selon les informations de l’ONG de protection animale Welfarm, revenir au port de Sète jeudi 22 septembre. Mercredi en fin d’après-midi, le cargo se trouvait au large de la Catalogne, d’après les données de géolocalisation du site MarineTraffic. L’issue pour les taurillons ne fait en revanche pas de doute : en raison de la circulation de la fièvre aphteuse en Algérie, une maladie dont est exempte la France, « les animaux seront éliminés à leur retour », explique le ministère de l’agriculture.
« Insuffisances réglementaires »
En effet, durant leur stationnement au port d’Alger, les bovins ont été affouragés avec du foin algérien, pour lequel un risque de contamination à la fièvre aphteuse ne peut être exclu. Si la France nie tout manquement dans ce dossier et assure que les animaux au départ de Sète étaient « sains » et que les certificats sanitaires avaient été « correctement transmis », ce différend avec l’Algérie témoigne des difficultés d’encadrement du secteur des transports d’animaux et rappelle un autre épisode : l’errance en mer de milliers de bovins, fin 2020 et début 2021, à bord de deux cargos, l’Elbeik et le Karim Allah, interdits d’accoster par plusieurs ports méditerranéens et contraints, au bout de plusieurs semaines, à revenir en Espagne, où les animaux avaient été euthanasiés.
Il vous reste 54.42% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.