Le volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’Apai est entré en éruption en janvier dernier. Comme le font tous les volcans sous-marins, il a éjecté de la vapeur d’eau vers l’atmosphère. Comme le font tous les volcans sous-marins. Mais dans une quantité colossale qui a étonné les chercheurs. À tel point qu’ils se posent aujourd’hui la question des éventuelles conséquences globales pour la Planète et son climat.
En janvier dernier, un volcan sous-marin au nom à rallonge — baptisé Hunga Tonga-Hunga Ha’Apai — est entré en éruption dans le Pacifique. Dans la foulée, un tsunamitsunami a déferlé sur les îles Tonga, impactant près de 90.000 personnes. Le bruit de cette puissante éruption a fait deux fois le tour de la Terre ! Au début de l’été, des chercheurs du Jet Propulsion Laboratory (JPL, États-Unis) nous apprenaient que la colère du volcanvolcan a aussi projeté une quantité absolument colossale de vapeur d’eau dans les airsairs. De quoi remplir près de 60.000 piscines olympiques !
« Nous n’avons jamais rien vu de tel », commente Luis Millan, chercheur au JPL, dans un communiqué. « C’était un événement unique dans une vie », confirme Holger Voemel, chercheur au National Center for Atmospheric Research (États-Unis) et auteur de travaux complémentaires sur la question parus en ce mois de septembre. Selon leurs chiffres, ce ne sont pas moins de 146 téragrammes, soit 146 milliards de kilogrammeskilogrammes de vapeur d’eau que le volcan Hunga Tonga a envoyés directement dans la stratosphère — et même un peu au-dessus –, la couche de l’atmosphèreatmosphère qui se trouve entre 15 et 50 kilomètres au-dessus du sol. C’est près de quatre fois plus que ce qu’avait éjecté l’éruption du mont Pinatubo (Philippines) en 1991. Et pas moins de 10 % de la quantité totale de vapeur d’eau déjà présente à ce niveau de l’atmosphère.
C’est d’autant plus remarquable qu’il reste rare que des éruptions volcaniqueséruptions volcaniques injectent de la vapeur d’eau dans la stratosphère. Près de 20 ans que la NasaNasa fait des relevés. Et cela n’était arrivé que deux autres fois. Lors de l’événement de Kasatochi (Alaska) en 2008 et lors l’éruption de Calbuco (Chili) en 2015. Dans des proportions très loin d’être comparables, en plus. L’excès de vapeur d’eau s’était rapidement dissipé. Cette fois, il pourrait persister jusqu’à une dizaine d’années.
Des conséquences pour la vie sur Terre ?
Les chercheurs attribuent le phénomène à une sorte de position « idéale » de la caldeiracaldeira du volcan à quelque 150 mètres de profondeur. Plus profond et la pressionpression de l’océan aurait atténuéatténué l’éruption. Moins profond et il y aurait eu bien moins d’eau surchauffée pour former de la vapeur.
L’ennui, c’est que la présence de vapeur d’eau dans l’atmosphère n’est pas si neutre et innocente qu’il pourrait sembler de prime abord. Car dans la stratosphère, la vapeur d’eau a tendance à produire des radicaux qui portent des électronsélectrons « célibataires ». Ce qui les rend hautement réactifsréactifs. Ils ont tendance à détruire l’ozoneozone. Or, l’ozone stratosphérique est celui qui protège la vie du rayonnement ultravioletultraviolet nocif qui nous arrive du SoleilSoleil. Mais difficile pour les chercheurs de conclure avec certitude à ce sujet. Sachant qu’ils n’ont jamais étudié d’éruption comme celle du volcan Hunga Tonga. La seule chose dont ils soient certains, c’est qu’ils ont pu mesurer les niveaux d’eau dans la stratosphère à l’aide de ballons météorologiques qui, habituellement, ne sont pas suffisamment sensibles pour cela.
La vapeur d’eau joue aussi un rôle assez direct sur l’effet de serre. C’est même un gaz à effet de serre plutôt efficace. Parce qu’il peut absorber le rayonnement infrarougeinfrarouge émis par notre Terre sur une large plage de fréquences. Ainsi, l’éruption du volcan Hunga Tonga et l’injection massive de vapeur d’eau qui en a suivi devraient avoir au moins un effet ponctuel — de potentiellement plusieurs années tout de même, une fois le dioxyde de soufresoufre rafraîchissant dissipé — sur les températures moyennes. Les faisant grimper un peu plus encore. Toutefois, les effets attendus devraient rester minimes et temporaires. Quant à de possibles conséquences sensibles à plus long terme sur le réchauffement climatique anthropique, les scientifiques restent toujours partagés.