La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante de démencedémence, dont le processus physiopathologique commence plusieurs décennies avant l’apparition des premiers symptômessymptômes. Bien des facteurs présentent un rôle dans le développement de la démence, dont certains seraient modifiables comme les troubles du sommeiltroubles du sommeil. Si démence et sommeilsommeil sont associés, les études antérieures rapportent toutefois des résultats contradictoires.
Première étude : suivi des participants pendant 14 ans
Une étude menée par l’Institut des neurosciences de Montpellier s’est attachée à examiner la relation entre les paramètres de sommeil autodéclarés (duréedurée du sommeil nocturne/diurne, heure du lever/coucher, temps passé au lit, somnolence pendant la journée et symptômes d’insomnieinsomnie) et l’incidenceincidence de la démence sur un suivi de 14 ans. Les trajectoires des paramètres du sommeil de participants âgés d’au moins 65 ans ont été modélisées et comparées, et ce jusqu’à 14 ans avant l’apparition d’une éventuelle démence.
Les chercheurs ont mené l’étude à partir d’une cohortecohorte française (à Dijon, Bordeaux et Montpellier) : 182 patients ont développé une démence au cours du suivi, tandis que 719 témoins n’en ont pas développé. Sur 14 ans, six évaluations ont permis de recueillir les paramètres de sommeil autodéclarés et de faire passer des tests cognitifs aux participants.
« Une longue durée de sommeil (au moins neuf heures), le fait d’être un dormeur persistant ou de devenir un long dormeur pendant le suivi étaient associés à l’incidence de la démence. Les trajectoires de la durée du sommeil ont augmenté plus rapidement chez les cas de démence que chez les témoins, et ce à partir de 12 ans avant le diagnosticdiagnostic de démence », écrivent les auteurs. En outre, une heure de coucher plus précoce était observée chez les sujets qui ont développé une démence par rapport aux témoins (jusqu’à 8 ans avant le diagnostic).
Les autres paramètres étudiés n’ont pas eu d’impact sur le risque de démence. Ainsi, une durée de sommeil prolongée, un temps prolongé au lit et une heure de coucher plus précoce pourraient être des signes d’alerte de la progression de la maladie. Des changements dans la durée du sommeil et l’heure du coucher pourraient-ils prévenir les processus neurodégénératifs ? C’est ce que les chercheurs devront déterminer dans de futurs travaux, ainsi que l’impact des trajectoires de sommeil sur le risque de démence chez des sujets plus jeunes.
Seconde étude : près de 2.000 participants
L’autre étude, chinoise cette fois, a trouvé le même résultat que l’étude française. La cohorte incluait 1.982 participants âgés d’au moins 60 ans, qui n’étaient pas atteints de démence au début de l’étude. Au cours d’un suivi bien plus court (3,7 en moyenne), 97 sujets ont reçu un diagnostic de démence, dont 68 atteints par la maladie d’Alzheimer.
Résultat : le risque de démence était plus élevé chez ceux qui dormaient plus de huit heures (contre ceux qui dormaient moins de huit heures), et plus élevé chez ceux qui se couchaient avant 21 h (contre 22 h ou plus tard). Les chercheurs précisent que les associations avec le déclin cognitif étaient surtout évidentes chez les hommes et les participants âgés de 60 à 74 ans.
Le manque de sommeil augmente le risque de démence
Article de Futura, publié le 24/04/2021
À partir de la cinquantaine, le manque de sommeil prépare-t-il le terreau fertile qui va favoriser un risque accru de démence ? Une étude a suivi pendant 25 ans près de 8.000 personnes et conclut que dormir moins de six heures par nuit de façon persistante est associé à une augmentation de 30 % du risque de démence. La meilleure des préventions reste encore une bonne hygiène de vie, de jour comme de nuit.
Dormir six heures ou moins par nuit entre 50 et 70 ans est associé à un risque accru de démence, selon une nouvelle étude publiée mardi dans la revue Nature Communications. Réalisée sur près de 8.000 adultes britanniques suivis durant plus de 25 ans, l’étude montre un risque de démence plus élevé, de 20 à 40 %, chez les petits dormeurs, dont la durée de sommeil est inférieure ou égale à six heures par nuit à l’âge de 50 ou 60 ans, par comparaison avec ceux qui ont des nuits « normales », de 7 heures.
Ces travaux, qui suggèrent l’existence d’un lien entre la durée du sommeil et le risque de démence, sans pour autant permettre d’affirmer une relation de cause à effet, émanent de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Université de Paris, en collaboration avec l’University College de Londres (UCL).
La chercheuse Séverine Sabia (Inserm/UCL) et ses collègues ont également observé un risque accru de démence de 30 % chez les personnes âgées de 50 à 70 ans qui avaient systématiquement une courte durée de sommeil, indépendamment de leurs éventuels problèmes de santé cardiovasculaire, métabolique ou mentale (dépression) qui constituent des facteurs de risquefacteurs de risque de démence.
Les mauvaises habitudes qui peuvent accroître les risques
Pour l’étude, les participants ont évalué eux-mêmes la durée de leur sommeil à six reprises entre 1985 et 2015. Et, en 2012, environ 3.900 d’entre eux ont également porté une montre avec accéléromètreaccéléromètre, qui capte les mouvementsmouvements pendant la nuit, afin de vérifier la précision de leurs estimations. Ce qui a confirmé les résultats sur le risque de survenue de démence sur une période allant jusqu’en mars 2019.
Près de dix millions de nouveaux cas de démence, dont la maladie d’Alzheimer, sont dénombrés chaque année dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le sommeil est fréquemment altéré chez les patients qui en sont atteints. Cependant, de plus en plus de données de recherche suggèrent que les habitudes de sommeil, avant l’apparition de la démence, sont aussi susceptibles de contribuer au développement de la maladie. Ces résultats suggèrent que le sommeil en milieu de vie pourrait jouer un rôle pour la santé du cerveaucerveau et confirment ainsi l’importance d’une bonne hygiène du sommeil pour la santé, souligne l’Inserm. Des recherches futures pourraient être en mesure de déterminer si l’amélioration des habitudes de sommeil peut aider à prévenir la démence, note de son côté Nature.
En attendant, « ne pas fumer, boire avec modération, rester actif mentalement et physiquement, avoir une alimentation équilibrée et contrôler ses niveaux de cholestérol et de tension artérielle peuvent aider à garder notre cerveau en bonne santé à mesure que nous vieillissons », souligne pour sa part la Docteur Sara Imarisio, de l’Alzheimer’s Research Trust.