Seulement 7 leva (soit 3,50 euros) pour parcourir la centaine de kilomètres qui sépare Sofia de Vratsa. En Bulgarie, le train antédiluvien qui relie la capitale à la région la plus pauvre de toute l’Union européenne (UE), le Nord-Ouest, est un bon baromètre de l’inflation qui fait actuellement rage, à près de 18 % dans l’économie de ce pays des Balkans réputé le plus modeste de toute l’UE. « C’est le moyen de transport le moins cher, même le bus coûte davantage », vante le contrôleur, en passant, ce lundi 12 septembre, entre les travées remplies de voyageurs prêts à s’entasser plus de deux heures dans des wagons tellement vieux que certaines de leurs portes extérieures ne ferment plus.
Sur les fauteuils élimés, les discussions dérivent vite autour de l’inflation, la préoccupation majeure des 6,5 millions de Bulgares en vue des élections législatives qui sont organisées dimanche 2 octobre. « Avant, je voyageais en voiture pour aller voir mes enfants, mais je ne peux plus me le permettre. Même le bus est devenu trop cher », assure Tihomir Marimov, maigre retraité de 70 ans, qui vient de passer quelques nuits dans la capitale.
En Bulgarie, le train reste le seul moyen de transport dont le prix n’augmente pas. Et c’est pour cette raison que Milka Tancheva, 75 ans, a choisi cette option pour se rendre en cure sur la mer Noire, à 500 kilomètres de là. « Avec nos réductions pour retraités, le voyage en train de nuit ne m’a coûté que 35 leva, en voiture, cela reviendrait à 200 leva rien qu’en péages, et le prix du carburant a augmenté », se plaint cette ancienne ingénieure, qui voyage serrée entre ses valises.
« Tout le monde est parti et toutes les usines ont fermé »
« Et tout cela se produit alors qu’on habite déjà dans la région la plus pauvre de Bulgarie, la plus pauvre d’Europe, où tout le monde est parti et où toutes les usines ont fermé », ajoute cette nostalgique du communisme, en reprenant une antienne actuellement particulièrement répandue dans toute l’Europe centrale et orientale. Alors même qu’ils gagnent moins qu’à l’Ouest, les Européens de l’Est s’inquiètent de faire face à une inflation nettement plus forte.
Une étude publiée lundi 19 septembre par Eurostat a fait la « une » de la presse bulgare : sur un an, le prix du pain a augmenté de 30 % en Bulgarie, alors que la France, nettement plus riche, n’a connu une hausse « que » d’un peu plus de 8 %. La moyenne dans l’UE est de + 18 %.
Cette inflation record frappe ainsi des ménages déjà en grande difficulté. Dans la région Nord-Ouest, le produit intérieur brut (PIB) par habitant ne dépasse pas 5 800 euros, soit à peine 32 % de la moyenne européenne.
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