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La crise énergétique creuse les inégalités en Europe centrale


Un complexe gazier, à Vadu, en Roumanie, le 28 juin 2022.

Sur le moyen terme, ce sera sans doute l’une des conséquences sociales les plus douloureuses de la crise énergétique que le continent traverse. « Parce que leurs dépenses en énergie sont proportionnellement plus élevées que celles des riches, les ménages les plus pauvres d’Europe centrale et du Sud sont plus fortement touchés par l’inflation », explique Beata Javorcik, économiste en chef de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Et parce que dans ces pays l’Etat-providence et la redistribution sont plus faibles qu’à l’Ouest, la hausse des inégalités engendrée par la flambée des prix « pourrait être importante » et, surtout, « persister sur une longue période ».

Tel est l’un des constats dressés par la BERD dans ses nouvelles prévisions économiques, dévoilées mercredi 28 septembre. Dans un rapport publié en novembre 2021, cette institution, née en 1991 pour soutenir la transition économique de l’espace postsoviétique, soulignait déjà que la part des dépenses incompressibles liées au chauffage et à l’énergie pesait 25 % des dépenses des ménages en Roumanie et 22 % en Hongrie, contre 7 % en Allemagne. Or, les perspectives se sont largement dégradées depuis – en juillet, l’inflation dépassait 16,5 % en moyenne dans les 37 pays où la BERD intervient, des Etats baltes à l’Asie centrale.

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Pis, le gaz représente aujourd’hui plus des trois quarts de la production de chaleur en Macédoine du Nord, en Moldavie et en Ukraine. Ce qui laisse présager un hiver difficile, en particulier si les températures chutent beaucoup. Avant la crise énergétique, près d’un tiers des ménages les plus pauvres d’Europe centrale, d’Europe du Sud et d’Asie centrale n’avaient déjà pas les moyens de se chauffer, souligne la BERD.

« Le scénario noir que nous redoutions ne s’est pas réalisé »

La plupart de ces pays ont pourtant pris des mesures pour limiter les effets de l’inflation, rappelant celles engagées en Europe de l’Ouest. La Pologne a baissé la TVA sur l’essence de 23 % à 8 % et celle sur le chauffage de 23 % à 5 %, tandis que la Croatie, la Roumanie et la Slovaquie ont plafonné les prix de l’électricité ou du gaz – et parfois les deux – pour les ménages. « Mais ces aides ne sont pas assez ciblées sur les plus pauvres et n’incitent pas suffisamment aux économies d’énergie », détaille Beata Javorcik.

En dépit de ces observations bien sombres, la BERD se montre pourtant un peu plus optimiste qu’en mai sur ses prévisions de croissance pour 2022. Selon elle, celle-ci devrait s’établir à 2,3 % dans la région qu’elle couvre – avec de grandes variations selon les pays –, contre 1,1 % précédemment. « L’activité a mieux tenu sur la première partie de l’année en Europe de l’Est, notamment parce que les ménages ont dépensé l’épargne accumulée durant le Covid, explique l’économiste en chef. Et, en Asie centrale, le scénario noir que nous redoutions ne s’est pas réalisé. »

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Written by Stephanie

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