Les ouragans de plus en plus dévastateurs en Floride n’effraient pas les snowbirds qui investissent massivement dans des maisons mieux protégées.
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« Les ouragans sont des phénomènes ponctuels qui n’empêchent pas les Québécois d’acheter ici, assure Daniel Tremblay, courtier en immobilier sur la côte ouest de la Floride. Quatre-vingts pour cent de ma clientèle est québécoise, et la majorité des personnes qui achètent le font pour venir s’établir durablement ici. »
Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, les ouragans deviendront moins fréquents, mais plus intenses qu’avant avec les changements climatiques.
La montée du niveau de la mer, les pluies plus importantes des cyclones tropicaux et l’intensité plus forte des tempêtes sont des mécanismes qui, combinés, « semblent mener à des événements bien plus dangereux dans le futur qu’aujourd’hui », fait valoir Alejandro Di Luca, professeur spécialisé en changements climatiques à l’UQAM.
Cela ne rebute pas du tout les nombreux Québécois et autres investisseurs qui y achètent une maison temporaire ou permanente.
« C’est la plus grande croissance aux États-Unis, explique Martin Bouffard, un investisseur immobilier de la région. Il y a 1000 personnes par jour qui emménagent en Floride », souligne-t-il.
Acheter du solide
Si cette tendance se poursuit malgré tout, c’est aussi parce que le marché immobilier s’y adapte.
« Auparavant, les Québécois faisaient le choix d’acquérir des propriétés, comme des roulottes ou des petits chalets, plus économiques, mais aussi plus vulnérables, explique Jean-Pierre Blanchet, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM. Il va être nécessaire d’avoir des structures mieux adaptées aux temps violents, avec des matériaux plus robustes, qui coûteront plus cher », poursuit-il.
Martin Bouffard reconnaît qu’il y a un risque à prendre, mais que la technologie et le fait que les banques et les compagnies d’assurances continuent de financer les propriétés floridiennes sont rassurants selon lui.
« La structure est en béton, il y a des fenêtres anti-ouragans. C’est sûr que le bardeau de toit va peut-être partir, mais le gros de la propriété va rester intact.
C’ÉTAIT LE DÉLUGE
Capture d’écran Twitter
Plusieurs citoyens de l’ouest de la Floride ont publié sur les réseaux sociaux les conséquences du passage de l’ouragan mercredi. En voici un échantillon.
Capture d’écran Twitter
Capture d’écran Twitter
Frappés de plein fouet
DANS UN AIRBNB EN SÉCURITÉ
Jean-Benoit Girard a accompagné sa fille de cinq ans dans un logement Airbnb à la dernière minute afin de se mettre en sécurité alors qu’une pénurie de matériaux l’empêchait de barricader convenablement sa maison de la côte ouest floridienne.
La veille du passage d’Ian, le résident de Sarasota s’est rabattu sur une résidence dans laquelle les matériaux de barricades étaient inclus. Mercredi, en plein dans la tempête, il nous a écrit que « ça brasse » et qu’une chaise de patio avait frappé de plein fouet une de ses fenêtres barricadées.
LA MER DISPARAÎT
« Depuis ce matin, la mer s’est retirée du bord, elle est rendue très loin du rivage », racontait mercredi après-midi Charles Thouvenot, résident de Tampa. « C’est très impressionnant d’observer ce phénomène, surtout quand on est habitué à se promener tous les jours sur la baie. »
STRESS DE L’ATTENTE
Résident de la Floride depuis 13 ans et habitué aux ouragans, Daniel Tremblay reconnaissait être très anxieux mercredi avant le déluge. « L’attente est presque pire que l’ouragan, explique ce courtier en immobilier, de Sarasota. Le fait de ne pas savoir où ça va frapper, c’est très stressant. Malgré tous nos efforts pour anticiper, on ne peut jamais contrôler une tempête. »
AU CŒUR DE LA TEMPÊTE
Kyle Grenier, originaire de la Beauce, s’est retrouvé en plein cœur de l’ouragan Ian, mercredi, dans la ville de Fort Myers où les inondations étaient si intenses qu’elles ont emporté des maisons au complet. M. Grenier habite cette ville avec son père depuis quelques mois.
MERCI AUX PANNEAUX SOLAIRES
Privée d’électricité pendant le gros de l’ouragan, la famille d’Annie Lavigne a pu garder le contact avec l’extérieur grâce aux panneaux solaires installés sur son toit. « Nous avons vécu Irma en 2017, et nous savons comment nous préparer », racontait mercredi cette résidente de Saint Petersburg. « Cette année, il y avait du stress supplémentaire, car mes parents sont venus du Québec et n’avaient jamais vécu d’ouragan. »
IL NE MOURRA PAS DE FAIM
Originaire de Gatineau, Martin Bouffard s’est assuré de ne pas manquer de nourriture en se procurant des réserves pour les quatre prochaines semaines.
« Il y a des pénuries dans les centres d’achats. Si tu manques d’électricité pendant plus d’une semaine, ce qu’il y a dans le frigo, tu le perds », explique le Québécois de 51 ans qui habite maintenant en Floride et qui travaille dans le milieu de l’immobilier.
Il avait pris la décision au cours des derniers jours de quitter la ville de Saint Petersburg, située près de Tampa, qui se situait tout près du corridor de l’ouragan Ian.