La sonde spatiale Juno, qui étudie Jupiter, a réalisé le survol le plus proche d’Europe, sixième plus grande lune du Système solaire, depuis 22 ans. Les premières images de sa surface glacée arrivent. C’est la troisième fois seulement dans l’histoire qu’un vaisseau frôle le satellite galiléen à moins de 500 kilomètres de sa surface.
Cela faisait 22 ans que la surface d’Europe n’avait pas été vue d’aussi près. Et en prime, certaines images envoyées auront la meilleure résolution (un kilomètre par pixel) acquise pour cette lune de Jupiter, a annoncé la Nasa. Les images et les données collectées par la sonde spatiale Juno continuent d’arriver et plusieurs passionnés ont déjà entrepris de traité les photos prises par la Junocam, la caméra de la mission.
La sonde Juno se concentre essentiellement sur Jupiter dans le but de percer les mystères qu’elle nous cache, mais il arrive que son orbite soit modifiée pour survoler les plus grandes lunes de la géante gazeuse, les satellites galiléens.
Europe, une lune potentiellement habitable
Europe intéresse particulièrement les astronomes car les enquêtes suggèrent avec force l’existence d’un océan global salé sous son épaisse croûte de glace. Tout indique, étude après étude, que cette lune de 3.000 kilomètres de diamètre (4 fois plus petite que la Terre) est potentiellement habitable. Il n’y a pas de certitudes encore mais les conditions sont réunies. Pour cette raison, et pour approfondir nos connaissances sur sa structure, son atmosphère et son activité, une sonde spatiale lui sera entièrement dédiée. Nommée Europa Clipper, elle partira de la Terre en 2024 pour un voyage de six ans jusqu’à sa cible, à plus de 600 millions de kilomètres.
Des détails magnifiques de la surface d’Europe
Jeudi 29 septembre 2022, Juno a frôlé Europe jusqu’à 352 kilomètres au-dessus de sa surface dans la région nommée Annwn, près de l’équateur. Sur la limite entre le jour et la nuit, le terminateur, les ombres projetées mettent en lumière, si l’on peut dire, les reliefs sur cette croûte de glace. Une croute que l’on peut comparer aussi à une écorce, avec ses fissures et ses aspérités. On est loin d’une boule de glace polie. Cela bouge beaucoup à l’intérieur de la lune galiléenne, comme en témoignent les nombreuses crevasses qui courent sur sa surface. Il y a aussi des cratères d’impact en cours de cicatrisation car l’activité interne provoque un resurfaçage régulier du satellite. Il y a comme une tectonique des glaces que les scientifiques entendent mieux connaître et cartographier grâce à ce survol de Juno, en attendant ceux d’Europa Clipper. De même que de possibles lacs emprisonnés dans la glace plus près de la surface, et les fuites d’eau dans l’espace.
« L’équipe scientifique comparera l’ensemble complet d’images obtenues par Juno avec les images de missions précédentes, cherchant à voir si les caractéristiques de surface d’Europa ont changé au cours des deux dernières décennies, a expliqué dans le communiqué de la Nasa Candy Hansen, de l’équipe de Juno. Les images de JunoCam rempliront la carte géologique actuelle, remplaçant la couverture basse résolution existante de la zone ».
Nous avons les premières images de ce survol exceptionnel d’Europe, le deuxième d’une lune galiléenne depuis que la mission a été prolongée (le précédent était la lune Ganymède), mais Juno a aussi collecté de précieuses données radiométriques qui « fourniront de nouveaux détails sur la façon dont la structure de glace d’Europe varie sous sa croûte », révèle la Nasa. Tout cela est attendu avec impatience. De même, avons-nous hâte de voir de près la volcanique Io, dont deux survols par Juno sont prévus pour 2023 et 2024. Cela s’annonce très prometteur.
Retrouvez les images prises par la Junocam de la sonde Juno et traitée par des citoyens dans sa galerie dédiée « image processing ».