Stephanie
L’actuel directeur général de la maison Bouchard Père & Fils, Thomas Seiter, va prendre la présidence d’une autre célèbre maison beaunoise, Louis Jadot. A peine l’information a-t-elle été officialisée, mardi 27 septembre, qu’un vent de rumeurs s’est amplifié dans le vignoble bourguignon. Bouchard Père & Fils s’apprêterait à changer de main, murmuraient les gens bien informés. Et chacun de s’interroger : qui allait remporter les folles enchères ? François Pinault ou Bernard Arnault ? Les deux hommes d’affaires, habitués à croiser le fer sur tous les terrains, y compris vinicoles, sont déjà tout à la fois voisins et rivaux en Bourgogne. Finalement, la famille Pinault a remporté la mise.
Un communiqué, publié vendredi 30 septembre, détaille l’opération sans dévoiler le montant de la transaction. En fait, la branche vignobles du groupe Artémis de la famille Pinault, baptisée Artémis Domaines, fusionne avec Maisons & Domaines Henriot, propriétaire des champagnes du même nom mais surtout de Bouchard Père & Fils. « La famille Henriot possédera 25 % du capital du nouvel ensemble », précise Gilles de Larouzière Henriot, actuel PDG de Maisons & Domaines Henriot. Il sera nommé président du conseil de surveillance de l’entité fusionnée, qui gardera tout à la fois son nom d’Artémis Domaines et son directeur général, Frédéric Engerer.
Pour comprendre l’intérêt de l’opération pour la famille Pinault, il faut ouvrir les portes de Bouchard Père & Fils. Maison de négoce installée dans le prestigieux château de Beaune (Côte-d’Or), adossé aux remparts de la ville, elle est surtout propriétaire du plus grand vignoble bourguignon. Elle s’enorgueillit de posséder 130 hectares de vigne, dont 12 hectares de grands crus et 74 hectares de premiers crus. A l’exemple de la très réputée Vigne de l’Enfant Jésus, parcelle de 3,92 hectares située au cœur de l’appellation Beaune-Grèves.
« Des fleurons qui échappent à la viticulture familiale »
La « Grande Maison », comme l’appellent les Beaunois, dont le fil de l’histoire remonte à 1731, avait été rachetée en 1995 par la famille champenoise Henriot. La famille Pinault trouve également dans la corbeille de mariée le domaine William Fèvre, plus important exploitant de grands crus à Chablis, dans l’Yonne, et le domaine Beaux Frères, dans l’Etat de l’Oregon, aux Etats-Unis. Elle conforte ainsi ses positions en Bourgogne, où elle possède déjà le Clos de Tart, à Morey-Saint-Denis (Côte-d’Or).
Elle n’avait pas hésité à débourser 250 millions d’euros en 2017 pour s’offrir cette perle rare mitoyenne du Clos des Lambrays, détenu par Bernard Arnault. Artémis Domaines possède encore le domaine d’Eugénie, situé à Vosne-Romanée (Côte-d’Or). Cette opération est un nouvel exemple de la soif des grandes fortunes pour le vignoble bourguignon. On pourrait également citer l’acquisition, en 2018, par Martin Bouygues, associé à son frère, du domaine Henri Rebourseau, situé à Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or).
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