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Dans la forêt de La Teste-de-Buch, meurtrie par l’incendie, des centaines d’hectares de pins vont être abattus


Des arbres brûlés lors des incendies de juillet dans la forêt de La Teste-de-Buch (Gironde), le 27 septembre 2022.

Du sable jaillissent les longues racines d’un pin maritime vieux d’une centaine d’années. Ici, le feu a été tellement puissant que le sol a fondu, s’enfonçant sur lui-même sur près de 50 centimètres. « Cette souche, nous allons la conserver comme un marqueur, pour rappeler à tout le monde ce qui s’est passé », explique Cédric Bouchet, technicien de l’Office national des forêts (ONF) au sein de l’unité territoriale de Biscarosse (Landes). Mi-juillet, il a fait partie de ceux qui sont allés évacuer le site de La Salie menacé par les flammes, au beau milieu de la nuit. Il a fallu réveiller les vacanciers endormis dans leur camping-car, ainsi que le touriste dans son hamac tendu un peu à l’écart, qu’ils auraient pu ne pas voir.

Deux mois plus tard, la violence de l’incendie qui a parcouru la forêt domaniale de La Teste-de-Buch (Gironde) se lit du sol cabossé à la cime roussie des arbres. Une abatteuse fait tomber des pins au tronc noirci, des grumes s’entassent le long des pistes. Au milieu d’une parcelle déjà mise à nu ne subsistent que quelques arbres et une table de pique-nique. Les chaises d’un restaurant gisent au pied de la dune qui dissimule l’océan. « Avant, il y avait ici un cadre emblématique du massif, au milieu des pins. Mais quand tout aura été coupé et qu’on aura l’impression d’être sur la Lune, est-ce qu’on aura vraiment envie de revenir manger ici ? », s’interroge Cédric Bouchet.

« Un cancer qui grignote la forêt »

Alors que le secteur entre La Teste-de-Buch et Biscarosse est encore fermé au public pour des raisons de sécurité, les agents de l’ONF constatent l’étendue des dégâts. Une phase traumatique pour les équipes, éprouvées par un été hors du commun. « En janvier 2009, quand vous vous levez le matin après la tempête [Klaus, qui a sévi dans le Sud-Ouest], vous vous dites : “C’est réglé, tout est par terre”, se souvient Eric Constantin, le directeur de l’agence ONF Landes Nord-Aquitaine. Le feu, c’est comme un cancer qui grignote la forêt, vous sauvegardez une parcelle et, deux heures après, il n’y a plus rien… Et maintenant, nous commençons le nettoyage, c’est dur de voir ça. »

« On récolte en une fois ce que l’on aurait dû récolter en presque dix ans. » Yann Rolland, le responsable du service bois à l’ONF

Les travaux ont démarré le 15 septembre. Le chantier est colossal : sur les 2 000 hectares de forêt domaniale, plus de la moitié a été incendiée. Tout n’a pas brûlé ; ici et là, des trouées vertes témoignent d’un saut de feu ou d’un changement de vent. Mais, selon les premières estimations, quelque 360 hectares devront être abattus totalement, et près de 300 de façon partielle. Au total, 80 000 mètres cubes de bois devraient être récoltés d’ici au 31 décembre, soit huit fois le volume initialement prévu pour l’année. Trente engins forestiers vont travailler d’arrache-pied. « On récolte en une fois ce que l’on aurait dû récolter en presque dix ans », insiste Yann Rolland, le responsable du service bois.

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