A l’heure où s’ouvre, mardi 4 octobre, le sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand, grand rassemblement où professionnels et politiques discuteront souveraineté alimentaire et durabilité des filières d’élevage, trois organisations décortiquent, dans un rapport commun, l’impact des filières d’exportation vers des pays tiers, c’est-à-dire hors de l’Union européenne (UE). Cette enquête de Réseau action climat (RAC), Oxfam et Greenpeace montre qu’une partie des filières de production françaises sont tournées vers l’exportation de produits à faible valeur ajoutée, vers des pays où ils peuvent déstabiliser les marchés locaux, notamment en Afrique et en Asie.
Le rapport se concentre sur trois filières en particulier – lait, porc et volailles –, celles où la part des exportations est la plus importante (respectivement de 42 %, 39 % et 25 %, incluant les exportations vers d’autres pays européens). Pour comprendre le poids des échanges commerciaux vers les pays hors UE, il faut rentrer dans le détail par catégories de produits : découpes de poulets congelés, abats ou graisses de porc, poudres de lait écrémé… Ce sont principalement ces produits peu valorisés que la France exporte en dehors des frontières de l’UE. L’analyse des flux commerciaux est complexe : les associations montrent que ces segments bas de gamme dédiés aux exportations prennent de l’ampleur, en même temps que la France importe de plus en plus de produits à plus haute valeur ajoutée.
« Une incohérence totale »
« Le premier enseignement est que la balance commerciale de la France dégringole, au global, et en particulier sur l’agriculture, observe Cyrielle Denhartigh, responsable agriculture et alimentation au RAC. Si elle n’était pas portée par les vins et spiritueux, la balance commerciale agricole de la France serait négative. Les exportations à plus haute valeur ajoutée diminuent, alors que celles qui misent sur les volumes augmentent. J’étais très étonnée de voir que dans la filière lait, le premier produit d’exportation ne sont pas les fromages, mais les poudres de lait. »
Les limites du modèle commercial français s’illustrent avec les chiffres de la filière volailles : un tiers des volailles consommées en France sont importées, mais la France exporte des poulets congelés entiers en Afrique, ou des morceaux découpés que les consommateurs européens apprécient moins, comme les ailes. La tendance est la même dans la filière porcine, dont une partie de la consommation française est importée d’Espagne ou d’Allemagne, tandis que des coproduits à faible valeur ajoutée, comme les graisses de porc, sont envoyés vers la Chine et les Philippines.
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