Malgré le passage de fortes pluies en septembre, la sécheresse reste très préoccupante en France et certains départements sont menacés de coupures d’eau. Après un été historiquement sec, seule une météo fortement pluvieuse pendant plusieurs mois pourrait changer la situation.
La quasi-totalité des départements français est encore concernée par des restrictions d’usage de l’eau, à des niveaux différents. La majorité des départements de l’ouest sont en état de crise selon les données du Ministère de la transition écologique, en particulier la Bretagne qui a complètement viré au rouge sur la carte des restrictions. Selon Copernicus, l’organisme de surveillance du climat en Europe, 26 % du territoire européen est toujours en état de vigilance sécheresse et 27 % en état d’alerte.
Les pluies de septembre n’ont fait qu’humidifier les sols
Comment expliquer que la situation soit toujours aussi grave malgré les fortes précipitations des passages pluvieux de septembre ? Après plusieurs mois de déficit sévère, le mois de septembre a été marqué par un excédent de pluie de l’ordre de +15 % à l’échelle du pays. Cet excédent a même atteint les +60 % dans les Hauts-de-France. Dans le sud-est, la situation a par contre continué à se dégrader en septembre, avec un déficit de -25 % de précipitations en septembre. Après une sécheresse aussi historique que celle de l’été 2022, il était de toute manière impossible que les pluies du mois de septembre suffisent à combler le déficit. Il s’agit du début de la saison de recharge et l’état des sols entre aussi en jeu : les pertes en eau ont été immenses lors des premières fortes pluies, car les sols étaient bien trop secs pour les absorber selon Météo France. Un constat confirmé par le BRGM, le service géologique national : « les pluies efficaces devraient tout d’abord permettre d’humidifier les sols et bénéficier à la végétation, avant de réussir à s’infiltrer en profondeur ».
Un hiver normal ne suffira pas
Si la sécheresse de surface (de 0 à 40 centimètres de profondeur) s’est nettement atténuée, en ce qui concerne la sécheresse en profondeur « un hiver normal ne suffira pas », prévient Météo France. Pour espérer une véritable amélioration au niveau des nappes phréatiques, il serait nécessaire d’avoir un hiver anormalement pluvieux, avec des précipitations largement excédentaires jusqu’au printemps. En d’autres termes, si ces prochains mois sont pluvieux, il faudra s’en réjouir ! Car en dehors de la Basse-Normandie, de la Franche-Comté et de l’Alsace, l’indice d’humidité des sols est encore déficitaire partout. La situation est particulièrement inquiétante en Bretagne, d’où le maintien de cet état de crise sur l’ensemble du département. Mardi 27 septembre, la préfecture des Côtes-d’Armor a d’ailleurs alerté sur le risque de rupture de distribution d’eau potable à sa population en octobre : le département ne dispose que de 45 jours d’autonomie contre 90 jours d’autonomie en temps normal à la même période.
Selon le BRGM, « les tendances des nappes devraient rester orientées vers la baisse jusqu’à la période d’étiage (basses eaux), qui s’observe habituellement entre mi-octobre et novembre. Les niveaux des nappes à l’entrée d’hiver 2022-2023 seront nettement inférieurs à ceux de l’année dernière ». Ces deux prochaines semaines, Météo France prévoit le passage de perturbations modérées, avec une moitié nord légèrement arrosée, mais quasiment aucune pluie en prévision pour le sud.