La plupart des foyers français sont désormais équipés du fameux compteur communicant, souvent objet de fantasmes. Voici les données qu’il collecte et transmet à Enedis.
A l’approche de l’hiver, la situation énergétique devient plus tendue en France. Pour éviter les coupures, le gestionnaire du réseau RTE va mettre en place dès le 15 octobre des délestages pour éviter la saturation dur réseau. Ainsi, entre midi et 14h, Enedis pourra “débrancher” à distance des ballons d’eau chaude, ce qui “permettra d’économiser l’équivalent de 2,5 GW à 12h30 et de 1 GW à 13h”.
L’annonce – parfois déformée – a énormément circulé sur les réseaux sociaux, rappelant que les compteurs Linky sont toujours autant sources de fantasmes. Obligatoire et déployé quasiment dans tous les foyers, le compteur communicant permet effectivement de transmettre les informations à Enedis, afin d’optimiser la consommation énergétique.
Obligatoires et volontaires
Mais quelles sont les données envoyées à Enedis? Concrètement, Linky est encadré par une règlementation du code de l’énergie sur l’utilisation des données personnelles. Comme le rappelle la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), certaines données sont envoyées à Enedis par défaut, et d’autres impliquent l’accord de l’abonné.
Les données collectées par défaut sont les données de consommation journalière globale, à des fins de facturation. En revanche, le compteur n’enregistre pas le détail de la consommation de chaque appareil électrique.
Dans le cas du ballon d’eau chaude, l’opération d’économie d’Enedis a en réalité pour but de désactiver “le signal d’enclenchement automatique pour les usages électriques pilotés” entre midi et 14 heures. Dans les faits, et pour la plupart des clients, le ballon d’eau chaude est le seul équipement associé à ces usages électriques pilotés. Ce qui permet à Enedis de cibler l’opération par élimination, sans pour autant avoir accès précisément au fonctionnement du chauffe-eau.
“Aucune information personnelle (ni nom, ni coordonnées bancaires) n’est transmise par le compteur” rappelle aussi Enedis, qui précise que les données collectées “ne peuvent être transmises à un tiers sans l’accord explicite du client et encore moins être vendues.”
La CNIL en garde-fou
Les données de consommation fines peuvent aussi être transmises à Enedis uniquement avec l’accord de l’usager. Il s’agit de la consommation horaire. Là encore, elles ne sont transmises avec des tiers qu’avec l’autorisation de l’usager. C’est par exemple le cas si vous utilisez des applications qui permettent de suivre votre consommation énergétique avec précision. Il est d’ailleurs très simple de désactiver l’enregistrement de sa consommation horaire, en passant par ce lien.
Sur ce sujet, la CNIL veille au grain: elle a par exemple mis en demeure Direct Energie (devenu TotalEnergies) en 2018 pour une collecte de données sans le consentement des clients. En 2020, EDF et Engie étaient aussi épinglés: si les deux fournisseurs respectaient bien la demande de consentement, celui-ci n’était “ni spécifique ni suffisamment éclairé”. A noter qu’il est possible de supprimer les données enregistrées, en se rendant sur son compte sécurisé d’Enedis.
Enfin, Enedis rappelle que le compteur Linky fonctionne par un mode de communication filaire. “Il circule uniquement dans les câbles du réseau électrique basse tension. Il n’a rien à voir avec les radiofréquences, qui sont des ondes radio se propageant dans l’air ambiant comme le Wi-Fi ou la radio FM.”