Le 29 septembre, l’Allemagne a annoncé un « bouclier de défense économique » de 200 milliards d’euros, un ensemble de mesures visant à lutter contre la hausse du prix du gaz. Trois éléments sont nouveaux dans ce paquet. Tout d’abord, il implique un engagement budgétaire beaucoup plus important que précédemment (le paquet annoncé le 7 septembre par Berlin s’élevait à 65 milliards d’euros, financés principalement par des prélèvements et non par de nouveaux emprunts).
Ensuite, une nouvelle mesure de soutien, appelée « frein au prix du gaz », vise à réduire le prix moyen du gaz. Cette mesure était mentionnée dans le paquet précédent, mais sa mise en œuvre est maintenant accélérée, d’ici à la fin octobre. Selon des estimations préliminaires, la mesure coûterait entre 15 et 24 milliards d’euros si elle est appliquée uniquement aux ménages privés.
Enfin, le projet d’introduire une taxe sur toute la consommation de gaz de 0,027 euro par kilowattheure à partir du 1er octobre a été abandonné, car il n’est « plus nécessaire », selon les mots du chancelier Olaf Scholz. L’aide aux importateurs en difficulté qui ont perdu des contrats avec Gazprom est incluse dans une nouvelle mesure.
L’approche adoptée par Berlin pose plusieurs problèmes
Car il y a un manque de coordination européenne. Le ministre allemand des finances, Christian Lindner, a déclaré que « l’Allemagne utilise sa puissance économique dans cette guerre. » Pourtant, les pays membres de l’Union européenne (UE) mènent la guerre énergétique ensemble ; il est primordial de maintenir l’unité pour vaincre le chantage énergétique de Poutine. L’Allemagne semble faire jouer ses muscles budgétaires pour subventionner la consommation de gaz en Allemagne, ce qui fait grimper les prix et nuit à ses voisins.
Cette action dérange les autres pays européens qui plaident depuis longtemps pour une solution européenne au problème de la flambée du prix du gaz. D’un point de vue européen, le moment de l’annonce, un jour avant une importante réunion des ministres de l’énergie de l’UE chargés de convenir d’interventions d’urgence européennes sur les marchés de l’énergie, est particulièrement malheureux.
De plus, le paquet contournerait les règles budgétaires allemandes. Le « frein à l’endettement » allemand est actuellement suspendu, mais le gouvernement s’est engagé à l’appliquer en 2023. Comme il sera impossible de financer le nouveau plan de soutien en respectant la limite de déficit fédéral de 0,35 % du PIB fixée par la règle du « frein à l’endettement », le déficit de l’année prochaine devra en fait être financé par des emprunts à grande échelle (ce que la Constitution allemande autorise en cas d’urgence) – une comptabilité « créative » du type de celle que l’Allemagne évite généralement…
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