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Pourquoi le prix de l’électricité dépend de celui du gaz, et autres questions sur les factures à venir

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Le montant du prix de gros de l’électricité en France a atteint, à la fin d’août, 1 000 euros le mégawattheure (MWh). Face à cette flambée dévastatrice pour les revenus des ménages et les économies nationales, l’Union européenne cherche une réponse commune. En France, la première ministre a annoncé que le bouclier tarifaire pour l’électricité (et le gaz) serait maintenu en 2023. Explications.

Pourquoi les prix de gros augmentent-ils autant ?

Une accumulation de facteurs a abouti à l’explosion du prix de l’électricité, qui touche l’Europe dans son ensemble, et n’épargne pas la France.

  • La reprise économique et industrielle. La demande, liée à la sortie de la crise économique due au Covid-19, tire les prix à la hausse depuis la fin de 2021.
  • La guerre en Ukraine. Une part importante de l’électricité en Europe est produite à partir de gaz naturel, ce qui entraîne un couplage des prix entre le gaz et l’électricité. Or, le prix du premier a augmenté, alors que la Russie a baissé drastiquement ses exportations de gaz vers l’Europe.
  • En France, l’état du parc nucléaire. Entre les conditions météorologiques – la sécheresse a affecté les cours d’eau utilisés pour le refroidissement des réacteurs – et le vieillissement des infrastructures, qui nécessitent des opérations de maintenance, une grande partie du parc nucléaire est mis à l’arrêt. Ainsi, au 1er septembre, seuls vingt-quatre des cinquante-six réacteurs nucléaires d’EDF étaient opérationnels. Or la France, habituellement autosuffisante et même exportatrice, est obligée de se fournir, elle aussi, sur le marché européen de l’électricité, contribuant à la tension des prix.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Europe, les prix s’affolent sur le marché de l’électricité

Pourquoi les tarifs de l’électricité sont-ils si volatils ?

Depuis les années 1990, l’Union européenne (UE) a progressivement ouvert les marchés nationaux de l’électricité à la concurrence pour harmoniser et libéraliser le marché européen, et mieux l’interconnecter. Le réseau de transport européen d’électricité assure aujourd’hui la sécurité d’approvisionnement et les échanges entre trente-cinq pays.

Ce marché s’appuie sur une place boursière européenne, EPEX Spot SE, sur laquelle s’échangent les mégawattheures (MWh), avec des cours qui varient selon les pays en fonction de l’offre et de la demande. Elle constitue une place spéculative qui réunit producteurs, fournisseurs et négociants, qui achètent et vendent de l’électricité (nucléaire, renouvelable ou fossile), pour des livraisons immédiates ou différées.

Or, dans ce marché de gros, le prix est fixé non pas en fonction du coût moyen de production d’électricité en Europe, mais à partir du coût de production « marginal » du dernier MWh injecté sur le réseau. En cas de faible demande, les installations nucléaires ou renouvelables suffisent, mais lorsque la demande est forte, les centrales thermiques sont mises à contribution, et le coût de l’électricité est alors basé sur le cours du gaz (ou du charbon). A cela s’ajoute une taxe sur les émissions de CO2, dans le cadre du marché carbone européen.

Lire la tribune : Article réservé à nos abonnés Electricité : « Il est nécessaire de s’émanciper des prix de gros, très volatils et incontrôlables »

L’Union européenne peut-elle agir sur les prix ?

Oui, les ministres européens de l’énergie se sont accordés le 30 septembre sur des mesures d’urgence destinées à limiter l’explosion des factures d’électricité.

Les responsables ont validé des propositions présentées à la mi-septembre par la Commission européenne, visant à imposer une réduction de la demande d’électricité « d’au moins 5 % » aux heures de pointe.

Ils ont aussi acté le plafonnement des revenus des producteurs d’électricité à partir du nucléaire et des renouvelables (éolien, solaire, hydroélectrique), qui engrangent des bénéfices exceptionnels en vendant leur production à un prix très supérieur à leurs coûts de production. Ce plafond est fixé à 180 euros par mégawattheure et la différence entre ce niveau et le prix de gros du marché doit être récupérée par les Etats pour être redistribuée aux ménages et aux entreprises. Une « contribution temporaire de solidarité » s’applique, en outre, aux producteurs et distributeurs de gaz, charbon et pétrole.

Mais une majorité d’Etats membres (quinze, dont la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne) estiment qu’il faut encore s’attaquer au « problème le plus grave », en plafonnant les prix de gros du gaz sur le marché européen. L’Allemagne, qui était le pays le plus dépendant du gaz russe, a aussi jusqu’à présent rejeté l’idée.

Ces mesures devraient être discutées lors d’un sommet européen vendred 7 octobre à Prague.

Lire l’éditorial : Crise énergétique : refonder le marché européen de l’électricité

Les Français payent-ils l’électricité au prix européen ?

Pas totalement, malgré une augmentation très nette. « Une partie seulement des kilowattheures est achetée au “prix fort” sur le marché de gros », explique à l’Agence France-Presse (AFP) Patrice Geoffron, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine-PSL et directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières. Le reste « correspond à la production nucléaire, dont le coût est bien inférieur au niveau des prix de gros ». Les prix seraient toutefois bien plus contenus si le parc nucléaire était en mesure de tourner à plein régime.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Electricité : nouveau coup dur pour le parc nucléaire d’EDF

Par ailleurs, la facture des consommateurs français n’est pas directement indexée sur les prix du marché de gros, mais sur des tarifs réglementés par l’Etat. Or celui-ci se montre protecteur. En septembre 2021, le gouvernement de Jean Castex a ainsi mis en place un « bouclier tarifaire » limitant la hausse du prix en aval à 4 %.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le bouclier tarifaire a réduit de moitié l’impact de la flambée des prix de l’énergie en France

Il passe concrètement par un double mécanisme :

  • Une baisse de taxe. La taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) a été ramenée de 22,50 euros par MWh à 50 centimes au 1er février afin de limiter la hausse du tarif réglementé.
  • Une réorientation du nucléaire. L’Etat a obligé EDF à relever de 20 %, soit de 100 TWh à 120 TWh en 2022, le volume de sa production nucléaire vendu à ses concurrents à bas prix par l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique. En compensation, le prix facturé de cette électricité réservée est passé de 42 euros à 46,20 euros par MWh.

A titre de comparaison, les tarifs réglementés britanniques devraient augmenter de manière abrupte, de 80 % au 1er octobre.

En France, la crise pourrait s’amenuiser plus rapidement, mais selon des facteurs incertains. « Notre stock de gaz est plutôt bon. Si on arrive à relancer le nucléaire, si les conditions climatiques sont assez bonnes pour l’éolien, et si l’Etat maintient le bouclier tarifaire, cela devrait limiter la casse, mais c’est difficile à prévoir », temporise Carine Sebi, économiste à Grenoble Ecole de management.

Le bouclier tarifaire sera-t-il reconduit en 2023 ?

La première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé, le 14 septembre, que le bouclier tarifaire serait reconduit en 2023 et que la hausse des prix de l’électricité serait limitée à 15 % – tout comme celui du gaz – pour « tous les ménages, les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes ».

Les mesures de plafonnement des tarifs de l’électricité coûtent, selon Bercy, 10,6 milliards d’euros à l’Etat pour 2022 – et, au total, avec le gel du prix du gaz et la remise à la pompe sur les carburants, 24 milliards d’euros, soit l’équivalent de 1 % du PIB. En 2023, selon le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le dispositif coûtera aux finances publiques « 11 milliards d’euros pour le gaz, 5 milliards d’euros pour l’électricité ».

Par ailleurs, la première ministre a annoncé le versement d’un nouveau chèque énergie qui sera versé de manière « exceptionnelle », « d’ici la fin de l’année », aux « 12 millions de foyers les plus modestes, soit quatre foyers sur dix ».

En tant que consommateur, comment peut-on réduire sa facture d’énergie ?

Pour les particuliers qui veulent réduire l’impact des hausses tarifaires, diverses solutions existent, à des échelles, des temporalités et des coûts différents.

Adopter les bons gestes. La hausse des prix de l’électricité concerne tout particulièrement les ménages qui l’utilisent comme moyen de chauffage, et températures hivernales riment avec factures qui font mal. « La seule solution est un changement des comportements, et passer par exemple de 22 °C à 20 °C de température ambiante, sachant que la recommandation est à 19 °C », explique Carine Sebi, économiste à Grenoble Ecole de management (GEM) et spécialiste du secteur de l’énergie. Abaisser le thermostat de 1 °C revient à économiser 7 % sur sa facture de chauffage. Enfin, il est possible de réaliser de précieuses économies en n’activant son chauffe-eau qu’à des plages horaires réduites, et en réduisant l’utilisation de certains équipements énergivores, comme les sèche-linge.

Bien s’équiper. Le gros électroménager (réfrigérateur, lave-linge, sèche-linge, etc.) consomme surtout à l’usage, d’où l’intérêt de remplacer les modèles anciens par des modèles récents. « Il faut choisir les plus économes, même si on ne fera pas toujours une économie aussi importante en argent qu’en CO2 », reconnaît Sophie Attali, vice-présidente du guide d’achat écoresponsable « Topten ». Autres bons choix : bannir les ampoules halogènes et les aquariums, privilégier les réfrigérateurs sans bac de congélation ou opter pour un chauffe-eau de taille réduite.

Investir. Portes, vitres, murs… « Il faut isoler d’abord. C’est absurde d’essayer de chauffer des pièces qui ne retiennent pas la chaleur », rappelle Sophie Attali. De nombreuses aides financières à la rénovation thermique existent. Autre solution : opter pour un système de chauffage plus efficace, comme des pompes à chaleur, moins coûteux à l’usage, donc économique sur le long terme.

Mise à jour mercredi 14 septembre : ajout des annonces d’Elisabeth Borne sur la prolongation du bouclier tarifaire.

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Written by Stephanie

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