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Frans de Waal, un primatologue face au genre

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Dans le monde de la primatologie, les figures de proue sont des femmes – la Britannique Jane Goodall pour les chimpanzés ; et l’Américaine Dian Fossey, assassinée dans la réserve des Virunga au Rwanda en 1985, pour les gorilles. Aujourd’hui, la discipline est majoritairement féminine, mais le Néerlando-Américain Frans de Waal a au fil des décennies acquis une envergure comparable à ses devancières. Pour autant, le qualifier de « mâle alpha » de sa discipline serait une facilité journalistique doublée d’un contresens. Laissons à l’intéressé, à qui on doit cette appellation, le soin de discerner les parallèles pertinents entre notre espèce et les primates non humains, sur le plan des comportements politiques, des émotions ou de la sexualité.

Deux jeunes bonobos, mâle (à gauche) et femelle, s’embrassant.

Son premier livre, il y a quarante ans, révélait le machiavélisme des chimpanzés, dont la société est fortement hiérarchisée. Le dernier en date (Différents, Les Liens qui libèrent, 480 pages, 25 euros) s’attaque à la question du genre, souvent polémique. Mêlant érudition scientifique, observations de terrain et notes plus personnelles, il interroge à nouveau la signification des différences et des ressemblances avec les grands singes, dont une quinzaine de millions d’années d’évolution nous séparent – la lignée humaine et celle des chimpanzés et des bonobos, nos plus proches cousins, ont divergé il y a plus de sept millions d’années.

Ces interrogations s’inscrivent dans des questions toujours actuelles sur les différences et inégalités femmes-hommes, la fluidité des genres, la place faite aux individus « atypiques ». A 73 ans, après une carrière partagée entre les Pays-Bas et l’université Emory d’Atlanta et sa colonie de singes, il est plus libre que jamais de s’exprimer sans fard. Il livre donc quelques détails autobiographiques qui permettent de préciser d’« où parle » cet individu au moins triculturel – les Pays-Bas, les Etats-Unis où il a vécu, et la France, patrie de sa femme, sans parler des cultures simiennes.

Parcours personnel

Quatrième d’une meute de six garçons à l’appétit d’ogre, il « pense à sa mère » quand il entend dire que l’espèce humaine est dominée par les hommes : « C’est peut-être vrai dans la société en général, mais à la maison, le patron, c’était elle. » La dernière gifle maternelle – bloquée avant l’impact – remonte à ses 15 ans, l’incident s’étant conclu dans un éclat de rire partagé face au constat du nouvel équilibre des forces…

Il évoque même une première expérience sur le genre, potache, au cours de laquelle, jeune chercheur, il s’était déguisé en femme avec un collègue après avoir remarqué que deux jeunes chimpanzés entraient en érection chaque fois qu’une femme passait à proximité, mais restaient de marbre face à des hommes. Leur accoutrement ne les a en rien émoustillés. A la même époque, il adhère à une association néerlandaise de défense des droits des femmes, mais en claque la porte un an plus tard, « mal à l’aise » hier comme aujourd’hui face aux généralisations sur la toxicité masculine. « Je refuse de tout mettre sur le dos de mon genre », écrit-il.

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Written by Milo

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