Le livre. Quel est le point commun entre un vol d’étourneaux, un alliage métallique et des particules élémentaires ? Aucun, si ce n’est que ces objets ont attiré avec la même passion le Prix Nobel de physique 2021, Giorgio Parisi, 74 ans, comme il le raconte dans un livre de souvenirs.
Son témoignage débute non pas avec les recherches qui lui ont valu le Nobel mais avec le récit d’une très courte période de sa carrière consacrée à élucider le mystère des murmures d’étourneaux, ces vols en formation qui adoptent des configurations étonnantes témoignant d’une coordination très efficace. Avant d’en révéler les secrets, le physicien expose la méthode que son équipe a suivie et pourquoi il pensait que l’apport de sa spécialité, la physique statistique, était nécessaire. Expériences, hypothèses, vérifications, modélisation sont les étapes suivies pour aboutir à la réponse. Et, cerise sur le gâteau, cette réponse a été assez inattendue, au point d’être refusée par plusieurs journaux, mais acceptée par Les Comptes-rendus de l’Académie des sciences américaine (Pnas), qui en tira pas mal de visibilité.
Les autres découvertes, plus théoriques, qu’il a pu faire, montrent aussi concrètement ce que les avancées scientifiques doivent au hasard, à la ténacité ou à l’intuition. Ainsi de ces travaux en physique des particules théorique, ou dans le domaine des transitions de phases, ces passages de la matière d’un état à un autre.
Le rôle des métaphores
Elles montrent aussi la différence entre la physique et les mathématiques. Sa démonstration « physique » des propriétés surprenantes des « verres de spin », des matériaux désordonnés à petites échelles, et ordonnés à plus grandes, a mis près de vingt ans à être mathématiquement comprise…
Ses débuts de physicien, à l’université de Rome dans les années 1970, au milieu de grands noms de la physique italienne, témoignent aussi des conditions de travail très artisanales de l’époque, sans ordinateur, avec des courbes faites à la main point par point… Le Nobel, avec un brin de nostalgie, insiste sur le rôle des professeurs, des discussions entre collègues, des échanges avec d’autres disciplines.
Trois chapitres reprennent des conférences ou des textes, publiés en 2010, 2014 et 2018, soulignant le rôle des métaphores en science, ou décrivant comment naissent les idées, ou encore insistant sur l’appartenance de la science à la culture. « La science doit être défendue non seulement pour ses aspects pratiques, mais aussi par sa valeur culturelle », écrit-il.
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