C’est un fléau de plus qui frappe deux pays à genoux. Dévastée par plus de dix ans de guerre, la Syrie connaît une flambée de choléra, depuis la fin du mois d’août, qui a fait plus de soixante morts. Cette infection diarrhéique aiguë est aussi réapparue au Liban, miné par une gravissime crise économique et financière : mercredi 12 octobre, le ministère libanais de la santé a annoncé un décès, quelques jours après l’identification de premiers malades. En cause dans ces deux pays voisins, les infrastructures hydrauliques à la peine, détruites ou dysfonctionnelles.
En Syrie, l’irruption de l’épidémie est attribuée à la consommation d’eau polluée et à l’irrigation de champs par des sources contaminées dans le Nord-Est, grenier agricole. Avec la région voisine d’Alep, c’est l’une des zones les plus touchées. En six semaines de crise sanitaire, plus de treize mille cas suspects de choléra ont été enregistrés dans le pays par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Les infections sont une urgence de plus dans un contexte de grave crise humanitaire », souligne le docteur Hossam Faysal, cadre régional au sein de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui a renforcé son action (prévention, fonds, formation…) sur place.
Résurgence liée aux « mouvements de populations »
Au Liban, le choléra a été diagnostiqué dans des zones rurales frontalières de la Syrie. La résurgence de la maladie, après près de trente ans d’absence, est « probablement due aux mouvements de populations », estime Alissar Rady, cheffe de l’équipe technique de l’OMS au Liban. Des analyses sont en cours pour tracer l’origine de la souche qui sévit. Les déplacements entre les deux pays se poursuivent, même s’ils sont bien plus faibles qu’avant 2011, année du début de la guerre en Syrie. Si, pour l’heure, seuls une vingtaine de cas ont été recensés, « le Liban est très exposé à un risque de propagation du choléra et de maladies diarrhéiques aiguës », alerte Mme Rady.
Des deux côtés de la frontière, l’accès à l’eau propre manque dans les zones pauvres et rurales. « Dans le Nord-Est syrien s’ajoute le facteur de la sécheresse du fleuve Euphrate depuis deux ans : cela a contraint les riverains à recourir à des sources d’eau peu sécurisées », explique le docteur Faysal. « Cette région a déjà subi une crise du choléra en 2009, le gouvernement était alors resté silencieux sur le sujet. En 2015, des cas sont apparus dans le Nord. Sans politique de l’eau, il y a un risque de résurgence cyclique, met en garde le docteur Fouad Fouad, professeur de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth. La flambée actuelle se produit sur fond d’effondrement économique. »
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