Démystifions, une fois pour toutes, la vulve et le vagin, pour en finir avec les mythes et les fausses croyances qui les concernent et qui circulent abondamment, notamment sur les réseaux sociaux.
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Encore récemment, une vidéo d’un jeune homme convaincu que les femmes urinent par leur vagin est devenue virale sur TikTok. Si la vidéo peut faire sourire, elle démontre surtout à quel point les hommes – mais aussi certaines femmes – ne connaissent pas grand-chose à propos de l’appareil génital féminin.
D’ailleurs, pas besoin de se tourner vers les réseaux sociaux pour constater cette méconnaissance générale. Il suffit souvent de demander aux hommes de votre entourage de vous expliquer, par exemple, la différence entre la vulve et le vagin. Vous constaterez probablement qu’il y a du travail d’éducation à faire.
Cette méconnaissance n’est pas que regrettable, elle a aussi un impact sur la qualité des soins que reçoivent les femmes. Au pays, beaucoup de travail reste à faire: le Canada se classe 43e sur 116 pays et territoires en matière de santé des femmes, révèle une étude menée en 2020 et financée par Hologic, une entreprise spécialisée dans la santé des femmes.
Pour vous aider à démêler le vrai du faux et à briser les tabous autour du sexe féminin, on répond à des questions communes sur la vulve et le vagin.
Vulve ou vagin?
Bien que le terme «vagin» soit abondamment utilisé pour désigner l’ensemble des parties génitales de la femme, ce n’est pas tout à fait exact. Il faut plutôt emprunter le terme «vulve» lorsqu’il est question des parties qui se situent à l’extérieur, puis «vagin» pour parler spécifiquement du conduit intérieur qui s’étend de l’utérus à la vulve. Les deux mots ne sont donc pas interchangeables, puisqu’ils désignent deux parties différentes.
La vulve comprend le clitoris, les lèvres intérieures et extérieures, l’entrée du vagin et l’entrée de l’urètre, d’où sort l’urine. Donc non, l’urine ne passe pas par le même canal que le sang menstruel, qui lui s’écoule du vagin!
Le vagin désigne pour sa part uniquement la partie interne qui connecte la vulve au cervix et à l’utérus.
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Chaque vulve est unique
Les lèvres intérieures et les lèvres extérieures, qui font partie de la vulve, sont uniques à chaque personne. Leur couleur, leur grosseur et leur forme varient d’une personne à l’autre.
Même chose pour le clitoris, qui peut être plus ou moins apparent.
Le compte Instagram The Vulva Gallery, qui partage des portraits de vulves, est la preuve de toute cette diversité.
Les pertes vaginales, c’est normal (la plupart du temps)
Les pertes vaginales, ce sont des fluides, généralement clairs ou blancs, qui sortent du vagin. La plupart du temps, elles sont tout à fait normales et saines. Elles sont un moyen utilisé par le corps pour se débarrasser des peaux mortes ou se protéger contre des infections vaginales ou urinaires. Ces pertes contribuent aussi à garder les tissus vaginaux lubrifiés et propres.
L’intensité des pertes vaginales peut varier en fonction de divers facteurs, comme le cycle menstruel ou encore la prise d’une pilule contraceptive.
Si les pertes sont accompagnées de douleur, de démangeaisons ou d’une sensation de brûlure au moment d’uriner, il est recommandé de consulter un spécialiste. Des pertes grises ou dont la texture ressemble à du fromage cottage peuvent signifier que vous avez une infection.
Pas besoin de savon pour laver votre vulve
De l’eau chaude, c’est suffisant pour laver la vulve. Vous pouvez utiliser un savon doux, mais ce n’est pas du tout nécessaire.
L’acidité naturelle du vagin fait en sorte qu’il est auto-nettoyant. L’utilisation de nettoyants qui ne sont pas adaptés peut débalancer l’écosystème vaginal et permettre à des bactéries de croître.
Pour nettoyer votre vulve, prenez vos mains ou une débarbouillette propre. Autant que possible, évitez de mettre de l’eau ou du savon à l’intérieur du vagin.
Évitez à tout prix d’y appliquer du parfum, des déodorants ou d’autres produits qui ne sont pas sans odeur.
Uriner après une relation sexuelle, une bonne idée?
On a tendance à croire qu’il vaut mieux pour une femme d’uriner dans les 30 minutes qui suivent une relation sexuelle. Ça permettrait d’éliminer les bactéries qui pourraient se retrouver à l’entrée de l’urètre et donc d’éviter de développer une infection urinaire.
Même si cette croyance est très répandue, on ne sait pas si c’est effectivement utile d’uriner après l’acte, affirme la sexologue Léa Séguin, qui collabore au Club Sexu. Même que la seule étude sur le sujet avance que ça ne permet pas d’éviter de contracter une infection urinaire. «Ce n’est pas mauvais de le faire pour la tranquillité d’esprit», estime néanmoins la sexologue.
Le clitoris, source de plaisir
Le clitoris contient des milliers de terminaisons nerveuses qui ont comme seul objectif de susciter le plaisir. Cet organe, dont seule l’extrémité est visible, se prolonge jusqu’à 12 cm à l’intérieur du corps, sur les deux côtés du vagin. Il se compose des mêmes types de tissus spongieux que le pénis.
Une vulve, ça ne devrait pas sentir la rose
«Une vulve, ça ne sent ni la rose, ni les fruits tropicaux, ni le parfum, et c’est correct», insiste Léa Séguin, ajoutant que toutes les vulves ne devraient pas nécessairement avoir la même odeur.
Mais attention: toutes les odeurs ne sont pas normales. Si la vulve a une odeur forte et désagréable, ce n’est pas normal. Si une personne remarque que l’odeur de sa vulve change – et pour le pire –, il est préférable d’aller consulter un médecin, affirme la sexologue.
La pilosité a son utilité
Non seulement les poils sur la vulve sont normaux, ils sont aussi utiles. Ils agissent comme barrière protectrice pour les tissus génitaux et l’entrée du vagin, notamment lors de relations sexuelles. Cependant, chaque personne est libre de faire qu’elle veut avec son poil!
L’hymen n’indique pas la virginité
L’hymen est une fine membrane située à un centimètre de l’entrée du vagin et qui le sépare de la vulve. Il possède une ouverture de taille et de forme variable qui permet de laisser s’écouler le sang menstruel.
«L’hymen est utile chez les bébés et les très jeunes enfants pour protéger le vagin de bactéries et de matières fécales», précise Léa Séguin. À cet âge, il est beaucoup plus rigide parce que le corps ne produit pas d’oestrogène.
On a tendance à croire – à tort – que son absence signifie qu’une personne a eu une relation sexuelle avec pénétration, mentionne la sexologue.
Une étude a toutefois démontré que pour plus de la moitié des femmes, l’hymen ne s’est pas brisé après la première relation sexuelle avec pénétration vaginale, ajoute-t-elle. C’est donc un mythe de croire qu’un hymen intact est un indicateur de virginité!
Le vagin perd-il de son élasticité lors des relations sexuelles?
Contrairement à la croyance populaire, le nombre de relations sexuelles qu’a une femme dans sa vie n’a aucune incidence sur l’élasticité de son vagin.
«C’est une croyance qui est drôle, parce qu’on ne l’associe pas à la fréquence de relations sexuelles, mais plus au nombre de partenaires que la personne a», insiste la sexologue Léa Séguin.
Le vagin perd plutôt de son élasticité avec l’âge, poursuit-elle. Avec la ménopause, la femme cesse de produire de l’œstrogène, l’hormone qui permet de maintenir la structure des parois du vagin, ainsi que son élasticité, peut-on lire sur le site de l’organisme américain de planification familiale Planned Parenthood.
L’accouchement n’a pas non plus d’influence sur l’élasticité du vagin, mentionne Léa Séguin.
«Ce sont vraiment les muscles et les ligaments autour du vagin qui ont perdu de l’endurance ou qui ont bougé, et ça fait que le vagin est plus lousse», indique-t-elle. Avec un peu de temps, les muscles retrouvent leur endurance et le vagin, sa forme d’avant l’accouchement.
Sources: Planned Parenthood, Healthline, Mayo Clinic
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