Heureux comme un bouquetin ibérique dans les Pyrénées françaises. Depuis 2014, et les premières réintroductions de l’animal, la population de Capra pyrenaica, à ne pas confondre avec son cousin des Alpes, ne cesse de croître dans les sites de Luz-Gavarnie (dans les Hautes-Pyrénées), la vallée de Cauterets (Hautes-Pyrénées), et la vallée d’Aspe (Pyrénées-Atlantiques). Alors qu’ils avaient disparu du massif depuis un siècle, 335 animaux sont recensés sur le territoire du parc national des Pyrénées, un chiffre qui pourrait doubler d’ici à cinq ans.
Pour Eric Sourp, chargé du projet de réintroduction dans le parc national depuis 2008, « tous les voyants sont au vert. C’est un programme qui marche super bien avec une population qui s’épanouit ». Dès 1987, des études sur la faisabilité d’une réintroduction avaient été menées. Mais ce n’est qu’après de longues négociations avec les provinces et le gouvernement espagnol que le premier lâcher est intervenu en 2014.
Bon taux de reproduction
Depuis, tous les animaux sont capturés en Espagne, dans le parc national de Sierra de Guadarrama, et relâchés sur les sites français. A titre d’exemple, avec 63 animaux introduits en 2014-2015, le noyau évoluant à Cauterets et ses environs est aujourd’hui estimé à plus de 200 individus, avec un taux de reproduction de 50 % des femelles, et un taux de survie avoisinant 100 %.
En vallée de Luz-Gavarnie, depuis les lâchers de 46 individus, et malgré les difficultés d’observation dues à la topographie des sites, des échecs de reproduction ont été constatés avec un taux de reproduction qui atteint cependant 41 % des femelles. En vallée d’Aspe, dernier lieu d’accueil en date, onze des treize femelles présentes dans la commune d’Accous ont déjà mis bas en 2022, dont une qui a eu des jumeaux. « On ne comprend pas trop ce qui se passe à Gavarnie, mais il n’y a rien d’alarmant », commente Eric Sourp.
Pour suivre l’évolution démographique et sanitaire de l’animal, le parc a constitué une équipe d’agents – une dizaine sur tout le territoire – qui surveille le petit mammifère, de 90 centimètres au garrot, pour une longueur de 140 centimètres pour le mâle, au poil ras et brun et aux cornes en forme de lyre, qui grimpe jusqu’à 3 000 mètres en hiver et redescend dans les vallées au printemps. Une veille sanitaire continue est réalisée sur les cadavres de bouquetins retrouvés. Des analyses, réalisées par des laboratoires spécialisés à Tarbes et à Mont-de-Marsan, permettent de déterminer les causes de la mort. A ce jour, seuls des chutes et ensevelissements dans des avalanches ont été recensés.
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