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« La France doit réinvestir dans la recherche fondamentale en mathématiques »


Dans le magazine Challenges en mars, trente grands patrons écrivaient une tribune pour « sauver les maths ». Ils alertaient sur les conséquences de la réforme du lycée entraînant une baisse du volume d’heures de mathématiques enseignées et une diminution du vivier d’élèves scientifiques, alors même que les industriels ont besoin de « davantage d’ingénieurs mieux formés pour affronter la transition écologique et digitale ». Florent Menegaux, président du groupe Michelin, dans une interview au Journal du dimanche, ajoutait que « la planète a besoin de chercheurs et de savants pour objectiver et comprendre les phénomènes et identifier les solutions les plus appropriées ».

L’impact des mathématiques sur les emplois et le PIB pesant au moins 13 % et 18 % respectivement, d’après la récente étude menée par le CNRS, il y a évidemment des enjeux pour la nation.

La France s’enorgueillit de ses médailles Fields (équivalent du prix Nobel en mathématiques) et de ses nombreux prix (Abel, Wolf) témoignant d’une reconnaissance de la valeur de la recherche française en mathématiques. Une treizième médaille a été décernée cet été. Continuerons-nous à en avoir ?

Outre le danger immédiat pour l’économie, qui a fait prendre la plume à ces grands patrons et mettre en place dès cette rentrée des changements au lycée – seront-ils suffisants ? – voulus par le président de la République, un autre, à plus long terme, se profile sur la recherche en mathématiques. La France reste attractive étant donné la qualité de la recherche effectuée sur tous les sujets. Cela pourrait ne plus être le cas dans dix ans. Est-ce grave ? Il n’est pas interdit de se dire qu’il est plus important d’avoir plus d’ingénieurs et moins de chercheurs, mais est-ce un bon calcul ? Tout est dans la mesure.

La recherche en mathématiques en France se fait essentiellement dans les laboratoires universitaires par les enseignants-chercheurs qui y enseignent la discipline (et il y en a dans presque tous les cursus scientifiques), accompagnés par les chercheurs des organismes en nombre limité (plus de 85 % des effectifs fonctionnaires sont des enseignants-chercheurs).

Baisse des recrutements

Or les chiffres du ministère de l’enseignement supérieur montrent que le recrutement annuel d’enseignants-chercheurs en mathématiques a chuté régulièrement entre 2011 et 2020, passant de 202 à 98. Un recrutement suffisant assure un renouvellement des cadres et des thématiques, et permet une bonne mobilité des personnes et des idées. Ce n’est plus le cas. Dans le même temps, les charges d’enseignement, avec un nombre d’étudiants en mathématiques croissant, et les charges administratives, qu’il faut bien se partager, augmentent. Le temps consacré à la recherche est donc naturellement plus contraint.

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