Dorénavant à Chambéry, les promeneurs et travailleurs de la nuit ne pourront plus compter sur l’éclairage des lampadaires entre minuit et 5 heures du matin pour accompagner leurs pas. La capitale savoyarde a fait, samedi 15 octobre, un « grand saut dans le vide », selon les mots de l’adjoint au maire de la ville chargé de la transition écologique, Jimmy Bâabâa (divers gauche). Et cette extinction des lumières s’avère ne pas être une évidence pour cette ville de 59 000 habitants.
L’argument économique a évidemment joué pour la municipalité, à la recherche comme toutes les collectivités de nouvelles marges de manœuvre budgétaires. « J’avais un peu poussé le projet il y a un an et demi au conseil municipal », explique M. Bâabâa. Mais « c’est plus facile aujourd’hui qu’il y a trois mois de faire accepter cette mesure à la population », admet-il. Il a notamment remarqué que la sécheresse de cet été et les appels à la sobriété, notamment de la part du gouvernement, ont eu un effet sur les habitants et que de plus en plus de ses concitoyens ont demandé à agir en ce sens.
L’économie réalisée serait de 200 000 euros par an, selon la municipalité, avec une électricité à tarif constant, alors que la puissance des lampadaires avait déjà été réduite de 30 % depuis une dizaine d’années, et de 50 % entre 22 heures et 6 heures depuis le début de l’année.
L’autre argument plaidant en faveur de cette mesure concerne la lutte contre la pollution lumineuse et la protection de la biodiversité. « Chambéry, c’est une tache lumineuse au milieu de deux massifs montagneux, ajoute M. Bâabâa. On a ce devoir-là, vu notre positionnement. Et on a besoin que plus de territoires s’engagent pour qu’il y ait un véritable impact. »
La municipalité a tout de même décidé de maintenir l’éclairage nocturne au Carré Curial, le quartier de la ville où sont réunis bars et boîtes de nuit et où les forces de l’ordre doivent régulièrement intervenir. « C’est important de donner aux enquêteurs la possibilité de faire leur travail », justifie M. Bâabâa. Des discussions ont ainsi été menées à ce sujet avec la préfecture et le parquet de Chambéry, qui ont demandé cette exception. La vidéosurveillance restera, elle, effective en continu dans toute la ville grâce à un système infrarouge.
« Attentifs » aux remarques des habitants
« Nous voulons avancer collectivement et avec sérénité, notamment avec les personnes moins convaincues par l’initiative et plus hésitantes », ajoute Jimmy Bâabâa, dont la « première peur » face à cette mesure concerne, « plus que les agressions », les accidents que pourraient avoir les cyclistes ou les piétons du fait d’une chute contre un trottoir, par exemple.
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