Le 20 octobre, Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope arrive sur Nintendo Switch. Le mariage inattendu de deux univers emblématiques du jeu vidéo que tout semblait opposer, mais qu’un fan a su rapprocher.
C’est sans doute l’union la plus inattendue du jeu vidéo, mais elle a, au fond quelque chose de logique. Le moustachu italo-japonais le plus connu (et sérieux) au monde s’est fait des amis 100% français et complètement crétins. Et ils reviennent tous sévir sur Nintendo Switch ce 20 octobre.
À quelques jours de la sortie de Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope, le studio d’Ubisoft Milan était en effervescence et peaufinait les derniers détails. À chaque bout du large plateau qui accueille tous les développeurs, artistes, graphistes, animateurs qui planchent sur les ultimes ajustements, on aperçoit un Lapin Peach – déclinaison “crétinisée” du célèbre personnage de Nintendo – au côté de son double originel.
Un jeu pour fans par un fan
Rien ne laissait présager il y a cinq ans au lancement du premier jeu, Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle, que l’association improbable rencontrerait un tel succès sur Switch. “Nous avons eu l’idée en 2013”, explique à Tech&Co Davide Soliani, directeur créatif du jeu et l’homme dans l’esprit duquel germa l’idée saugrenue. “On voulait quelque chose qui n’existait ni dans le catalogue d’Ubisoft ni dans celui de Nintendo”.
Le jovial Italien ne cache pas son enthousiasme pour un projet qu’il a porté, grand fan depuis sa plus tendre jeunesse de Super Mario et des autres héros du géant japonais. “Nous voulions créer une machine à rire. Et notamment autour d’un jeu de combat au tour par tour. C’est un type de jeu que les gens craignent souvent d’essayer”, souligne-t-il. “Alors on a tenté une version colorée, abordable, facile à apprivoiser pour jouer et s’amuser”. Avec un tel jeu en forme de fan service, il était évident que le mariage prendrait auprès des fans des deux licences.
L’association de ces deux univers si différents, entre le coloré et réfléchi Mario et celui absurde des Lapins crétins, avait quand même quelque chose de sulfureux sur le papier. Rien ne laissait présager que Nintendo laisserait quiconque s’emparer de sa poule aux œufs d’or aussi facilement. Surtout pour transformer le plus célèbre plombier en as de la gâchette sans avoir la main dessus. “Ubisoft et Nintendo ont toujours eu une formidable relation et c’était là l’occasion de créer de l’humour et de la parodie”, s’amuse Davide Soliani qui a mis tous les ingrédients propres à chaque gang dans le jeu.
Mais il se rappelle aussi sa peur au moment de présenter son idée à Shigeru Miyamoto, le papa de Mario et Zelda. “C’était absolument stressant, car je rencontrais Miyamoto pour de vrai et j’ai dû lui soumettre mon projet. C’est une légende pour moi. J’étais tétanisé”, nous confie le responsable du jeu. “Il a été formidable et nous a donné de précieux conseils, car il a vu qu’on respectait son univers et ses personnages. Il avait même été bluffé qu’on ait réussi à les refaire de manière aussi fidèle sans les modèles fournis par Nintendo lorsqu’on lui a montré une ébauche de jeu”, ajoute Xavier Manzanares, producteur de Mario + The Lapins Crétins.
Miser sur le fun pour découvrir un jeu de combat tactique
Plutôt habitués à des jeux de plateforme, Super Mario et Les Lapins Crétins (qui endossent ici les costumes des premiers) se retrouvent unis dans un jeu tactique où ils doivent combiner leurs talents pour éviter que la galaxie soit anéantie par une étrange menace. Comme pour le premier jeu, dans Sparks of Hope, il faut à nouveau se défaire d’ennemis divers dans des combats au tour par tour en équipe. Mais cette fois, Ubisoft, seul aux commandes du jeu, a voulu une approche encore plus grand public et simplifiée.
Le joueur peut explorer les différentes planètes thématiques créées, nettement plus fantasques, que des lapins toujours plus idiots les uns que les autres peuplent en arrière-plan. Mais il y retrouvera aussi des éléments propres à l’univers de Mario, Luigi, Peach et cie (les pièces à glaner avec le bruit reconnaissable entre mille lorsque vous les ramassez, les super pouvoirs à décrocher, les tuyaux). Un mélange doux-dingue qui situe le jeu entre la balade en 3D et des combats plus faciles (mais qui nécessitent néanmoins un tantinet de stratégie).
Il est aussi possible de réaliser des quêtes ou de se balader simplement dans les villages, de résoudre des énigmes… Fini le simple jeu de bataille par équipes (jouable à plusieurs), Sparks of Hope se veut beaucoup plus abordable et fun. Même les combats sont plus fluides, avec des aides entre héros (vous pouvez projeter Mario à l’autre bout de l’arène en le faisant rebondir sur un de ses alliés pour se rapprocher de ses ennemis), des sparks, étranges créatures qui ajoutent des pouvoirs à chaque personnage qui lui est associé.
Edge, une superstar en devenir
Quand on fait la remarque à Davide Soliani que, pour ce second jeu, il semble avoir pris plus de liberté par rapport à l’univers “très Nintendo” du premier pour ajouter un peu plus de fantaisie sur le fond et la forme, il s’en défend. “Le premier était très centré sur le royaume des champignons (un des mondes de Super Mario, NDLR). À partir du moment où nous avons voulu aller explorer la galaxie, on devait devenir un peu plus fou”, résume l’Italien.
En résulte un jeu bien plus mélangé, selon lui, avec des ennemis de Mario comme ceux des Lapins Crétins. Et un invité surprise: le méchant Bowser devenu un allié.
Mais Ubisoft a réussi cette fois à ajouter sa touche très personnelle avec l’arrivée d’un personnage inédit, Edge, une lapine crétine rock’n’roll qui élimine ses ennemis à coup d’épée géante. “Edge, c’est le personnage de l’évolution vers autre chose. Elle n’a pas d’équivalent Nintendo par rapport aux autres personnages. C’est un Lapin créé de toute pièce qui a une vraie raison d’exister dans le jeu, mais il faudra le découvrir en jouant”, glisse-t-il dans un sourire. Une superstar annoncée auprès des joueurs des deux camps, comme le meilleur des deux mondes. La rigueur et le grain de folie.