Depuis le 18 octobre, Les Sims 4 est gratuit sur PC et console. L’occasion de découvrir un jeu de simulation qui reflète bien plus qu’on ne le croit la vie réelle et les questions de société.
Depuis plus de 20 ans, Les Sims ont révolutionné le jeu vidéo autant que le rapport de celui-ci à la société dans laquelle ses joueurs évoluent. De simples petits êtres de pixels à faire vivre et évoluer à leur arrivée en 2000, ils se montrent désormais plus vrais que nature 22 ans plus tard, emplis d’émotions et de réactions.
L’évolution a été radicale pour renforcer l’immersion des joueurs. Mais pour Lyndsay Pearson, vice-présidente de la franchise Les Sims chez Electronic Arts, au fil du temps, c’est surtout le contexte autour qui a changé et a poussé le jeu à évoluer. Du premier opus en 2D aux Sims 4 en 3D et en monde ouvert, Maxis, le studio créateur, a suivi les avancées technologiques du jeu vidéo, mais surtout épousé les évolutions de son époque.
“Les Sims 4 a introduit l’idée de plus d’émotions et de personnalités pour les personnages. L’inclusivité a été l’une de nos grandes priorités”, explique Lyndsay Pearson à Tech&Co. “Nous avons toujours voulu que le jeu reflète la société et le monde dans lequel nous vivons.”
Un jeu en forme de thérapie
Et c’est en cela que le jeu d’EA connaît aussi une notoriété forte, sans doute plus encore depuis l’avènement des Sims 4 en 2014. Sa longévité, le dernier épisode la doit à sa capacité à créer un univers fun, enthousiaste, mais aussi réaliste, dans lequel les joueurs peuvent trouver un parallèle avec leur quotidien, ou le créer.
“Les Sims sont charmants, imprévisibles, un peu idiots, mais touchants. Humains en fait. Ca fait leur succès”, s’amuse la responsable de la franchise. “Le jeu a créé un espace où les gens se sentent reconnus. Il y a des communautés qui se sont créées dans lesquelles chacun partage ce qu’il vit dans le jeu.” Un peu comme une thérapie de groupe où les membres viendraient confier ce que leur Sim a sur le coeur et, par projection, eux-mêmes.
Jeu phare auprès des adolescents de tous âges et sexes, Les Sims a souvent servi de prisme de leurs émotions, pour les aider à mettre en forme des situations qu’ils avaient mal vécues, des choses qu’ils voudraient dire. “Je suis très fière du fait que le jeu puisse aider des gens à un moment de leur vie où ils essaient de comprendre qui ils veulent être, qui ils sont vraiment”, répond Lyndsay Pearson quand on l’interroge sur l’impact émotionnel du jeu.
“C’est une sorte de scène sur laquelle on peut projeter une grande partie de ses propres sentiments” poursuit-elle. “On peut alors voir son Sim réagir comme on aurait pu le faire, interagir avec ses amis, s’énerver virtuellement, se créer une vie qu’on voudrait. C’est assez dingue qu’un jeu puisse faire ça et avoir un impact sur le joueur de la sorte”.
Mais avec aucune chance de croiser de personnages violents, véritablement malveillants ou méchants. Les plus diaboliques confinent à des méchants caricaturaux et donc drôles de film ou bande dessinée. La représentation fidèle de la société a ses limites et les maux de l’humanité échappent encore à la douce illusion des Sims…
Un miroir des questions de société
Nombreux sont les témoignages sur le web de joueuses et joueurs qui ont pu ainsi s’exprimer à travers leur Sim, apprendre à vivre leur différence physique, morale ou sexuelle et à l’accepter. C’est aussi ça la force des Sims 4, embrasser les grandes thématiques de son époque pour permettre à chacun de les faire vivre en virtuel.
A travers chaque jeu, chaque extension, Les Sims a ainsi abordé le thème des relations homosexuelles, du mariage gay, des sujets LGBT ou de la simple orientation sexuelle. “Cela n’a pas été compliqué d’aborder ces sujets chez EA, qui y a toujours été favorable”, se souvient Lyndsay Pearson. “C’est un jeu sur la vie et ce sont des choses qui existent dans la vraie vie. Les Sims 4 offre une façon très naturelle de pouvoir raconter ces histoires et son histoire dans le jeu. Nous faisons toujours tout pour faciliter cela et l’intégrer.”
Cela n’a pas été sans provoquer des remous. Mais la bienveillance de joueurs, notamment jeunes adultes, qui s’y retrouvaient a toujours fini par l’emporter. “Nous essayons de nous assurer que nous sommes respectueux, authentiques et représentatifs. Nous travaillons avec des associations comme GLAAD aux Etats-Unis pour traiter de ces sujets, avoir les bons mots, la bonne façon de les implémenter dans le jeu sans froisser personne et en respectant bien les choses”, ajoute Lyndsay Pearson qui souligne que la représentation et l’inclusivité sont des valeurs importantes ajoutées année après année dans le jeu de simulation de vie.
Ecouter la communauté
Tout est une question de dosage pour les concepteurs du jeu. Il ne faut pas tomber dans un extrême ou l’autre. Si les pronoms personnalisables ont récemment été ajoutés, des types de vêtements ou des attitudes, certains éléments qui pouvaient paraître outranciers pour de multiples raisons ont été retirés pour éviter aussi parfois des connotations involontaires. “Nous avons une approche très saine pour apprendre et reconnaître que nous n’aurons pas raison tout le temps”, concède-t-elle. “Nous écoutons les commentaires et agissons en conséquence pour améliorer le jeu.” Mais sans répondre à chaque fois aux demandes parfois farfelues pour que le Sim ressemble le plus possible à son auteur, s’amuse la boss des Sims.
Arrivé à maturité, Les Sims 4 s’offre une nouvelle vie depuis le 18 octobre en étant désormais disponible gratuitement pour celles et ceux qui n’y auraient jamais construit leur maison et leur Sim. L’occasion de faire de nouveaux adeptes, d’accroître sa communauté de joueurs avant l’arrivée d’une nouvelle version teasée par EA à cette occasion. Un miroir du quotidien qui a également trouvé des débouchés sur mobile avec les Sims Freeplay et les Sims Mobile. Comme de multiples occasions de mélanger un peu plus virtuel et réel dans sa quête de vie parfaite.