La pollution tue et rend malade. Qui pourrait l’ignorer aujourd’hui ? Le nombre annuel de morts attribuées à la pollution en France est estimé entre 40 000 et 67 000. Soit plus de 10 fois le nombre de morts par accident de la route. La pollution affecte les sujets les plus vulnérables tels les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées, et celles et ceux qui souffrent d’une pathologie respiratoire ou cardiaque chronique.
Les pics de pollution sont associés à des infections respiratoires plus fréquentes. L’association avec la mortalité liée au Covid 19 a été confirmée récemment par une équipe française. L’association avec les bronchiolites à VRS (Virus respiratoire syncytial) a été établie chez l’enfant. Il en est probablement de même avec la grippe. Les morts subites sont également plus fréquentes en cas de pic de pollution.
Toutefois, c’est la pollution chronique qui a des effets sanitaires importants sur le long terme et notamment sur les maladies chroniques telles que l’asthme. Les mécanismes qui lient pollution et cancer du poumon, réalité épidémiologique connue depuis plusieurs années, commencent à être élucidés. Les méfaits de la pollution et notamment des particules de moins de 2,5 microns de diamètre (PM 2,5) sont maintenant bien établis.
Les chiffres des victimes sont nettement sous-estimés
Pour protéger les populations, objectif souvent proclamé par nos élus, il faut réduire la pollution et cela de façon drastique et urgente. Un levier à court terme est la réduction de la pollution liée à l’usage des moteurs thermiques notamment Diesel, grands pourvoyeurs de particules fines. Les poussières émises par les véhicules hors échappement, notamment les poussières de freins, sont également à prendre en compte.
Cela suppose un effort important des constructeurs automobiles pour répondre aux normes de pollution édictées par l’Europe, normes qui évoluent depuis 1992. La dernière version Euro 6 date de près de 10 ans et la mise en place d’une norme plus drastique, la norme Euro 7, était prévue avant la fin 2021.
Nous arrivons à la fin 2022 ! Combien de morts et de maladies ont été provoqués par ce délai qui est le fruit d’enjeux financiers qui manifestement priment sur les enjeux sanitaires ? Une modélisation récente (1) suggère que la mise en place de cette norme Euro 7 sur les émissions polluantes des véhicules pourrait éviter 5 900 décès en France entre 2027 et 2050 soit environ 260 morts par an. Et c’est sans compter la souffrance de milliers de malades.
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