Une « mini-tornade » s’est abattue dimanche 24 octobre en début de soirée sur des communes du Pas-de-Calais et de la Somme. Des vents aussi violents qu’inattendus, qui ont provoqué des dégâts considérables sans toutefois faire de victimes. Ces phénomènes n’ont duré que quelques minutes, voire quelques secondes, mais ils ont frappé des dizaines de maisons, arrachant des toitures et contraignant les habitants à quitter leurs habitations.
La première ministre, Elisabeth Borne, a adressé lundi son « soutien aux habitants des Hauts-de-France et de Normandie », assurant que tout était « mis en œuvre pour leur venir en aide ». Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, doit se rendre à Bihucourt, dans le Pas-de-Calais, pour « un point de situation », a fait savoir son cabinet.
J’adresse tout mon soutien aux habitants des Hauts-de-France et de Normandie touchés par d’importants orages et des… https://t.co/9g45RxcOGs
La Somme et le Pas-de-Calais étaient placés dimanche en vigilance jaune aux orages par Météo-France, alors que vingt autres départements étaient eux en vigilance « orange ». Dans le Pas-de-Calais, la gendarmerie nationale a interdit lundi matin l’accès à Bihucourt et Hendecourt-lès-Cagnicourt, les deux communes les plus touchées par ce que la préfecture qualifie « de fortes rafales de vent de type tornades ».
L’entrée dans ces deux villages d’environ 350 habitants est interdite « pour des raisons de sécurité et en raison de l’importance des dégâts », précise la préfecture dans un communiqué. « Seuls les habitants de ces deux villages peuvent y accéder, accompagnés par les forces de sécurité ». Un « centre opérationnel départemental » a été activé pour « coordonner l’action des services de l’Etat ».
Des logements inhabitables
A Bihucourt, village le plus touché, de nombreuses toitures ont été arrachées et les rues étaient jonchées de gravats, de branchages ou de morceaux de tôle, a constaté une journaliste de l’AFP. « Les dégâts sont très, très importants sur cette commune. Il y a eu véritablement un effet couloir de cette tornade, puisque ça a particulièrement impacté le centre du village. Environ cinq rues sont totalement ravagées », a affirmé sur place le contrôleur général des pompiers du Pas-de-Calais, Philippe Rigaud.
« Une centaine d’habitations » sont, selon lui, « concernées ». « Les sapeurs-pompiers sont en train de marquer les habitations, de déterminer celles qui risquent de s’effondrer éventuellement, parce qu’il y en a qui sont totalement détruites », a-t-il ajouté. Le gestionnaire du réseau Enedis était également présent pour rétablir l’électricité, s’occuper des câbles détruits et des pylônes arrachés.
Une « scène de guerre »
Les villes d’O-de-Selle et surtout de Conty, dans la Somme, ont elles aussi été touchées. Selon le lieutenant-colonel Lionel Tabary, « quatre-vingts habitations sont impactées, plus ou moins fortement » à Conty et une dizaine de logements sont « inhabitables » dans cette ville de 1 800 habitants. Le pompier évoque essentiellement des toitures arrachées, des branchages et des débris sur la chaussée. La toiture d’un groupe scolaire « a été soufflée complètement » et La Poste « est inoccupable car la toiture a été décollée ».
« Je suis à trente-cinq ans de carrière, je n’ai jamais vu ça dans la Somme », a déclaré le lieutenant-colonel, évoquant « une scène de guerre ». « D’après les témoignages, ça a duré moins de cinq minutes. Certains parlent d’une minute trente à deux minutes. Et puis derrière, de la pluie de la grêle. Et après du ciel bleu », a-t-il ajouté.
3 000 foyers privés d’électricité
Près de 3 000 foyers ont par ailleurs été privés d’électricité dans l’Eure après les intempéries, a annoncé la préfecture du département, « principalement à Bernay, Beuzeville, Asnières, Grossœuvre et Guichainville ». Au total, soixante-quatre interventions ont été réalisées par les sapeurs-pompiers. L’événement a nécessité le relogement de cinq adultes et cinq enfants. Des rafales à 136 kilomètres par heure ont été relevées à Beuzeville.
Les pompiers ont par ailleurs réalisé cent sept interventions dans le département du Nord, notamment à Thun-Saint-Amand, Arleux, Warlaing, Erchin et Cantin. Selon Tristan Amm, prévisionniste à Météo-France, les épisodes de ce type sont extrêmement localisés et « à chaque fois, les rafales dépassent les 100 kilomètres par heure, ce qui est déjà énorme dans l’absolu ». Ils se produisent en France « entre quarante et cinquante fois par an ».