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Toutankhamon, un pharaon de constitution fragile


Que n’a-t-on dit sur la santé de Toutankhamon ? Qu’il avait une maladie génétique comme le syndrome de Klinefelter (dû à un chromosome X surnuméraire) ou celui de Marfan. Qu’il souffrait d’un méningiome. Ou de drépanocytose. Ou de tuberculose. Ou encore d’épilepsie… Ces hypothèses sont désormais écartées et, comme le résume Valérie Delattre, archéo-anthropologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), « n’accablons pas Toutankhamon de plus de maux qu’il ne faut ».

Mort précocement, vers l’âge de 18 ans, le jeune roi ne jouissait pas, tant s’en faut, d’une santé de fer. Mais de quoi souffrait-il vraiment ? Pour le déterminer, en l’absence de témoignage écrit, on peut s’appuyer sur divers éléments, comme son histoire familiale, sa momie, son iconographie et les objets qui l’accompagnaient dans sa tombe. L’« histoire familiale » d’abord, un euphémisme pour évoquer la consanguinité fréquente dans les dynasties égyptiennes. Si l’on suit la thèse de Marc Gabolde, professeur d’égyptologie à l’université Paul-Valéry de Montpellier et grand connaisseur de la XVIIIe dynastie, les parents de Toutankhamon, Akhenaton et Néfertiti, auraient d’ailleurs été cousins germains. « Les maladies génétiques liées à la consanguinité peuvent impliquer un retard mental léger et des problèmes de relation dans l’espace », avance Valérie Delattre.

Faire parler les sandales

Mais la chercheuse de l’Inrap, spécialiste de l’archéologie du handicap, insiste surtout sur les difficultés de locomotion que connaissait le pharaon : « On est sûr qu’il boitait, que la marche et la station debout lui étaient difficiles. » L’étude de la momie montre que les deux pieds de Toutankhamon étaient en mauvais état, avec un possible pied bot d’un côté et une nécrose des métatarses et des phalanges de l’autre.

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D’autres éléments renforcent cette hypothèse d’un roi boiteux. « Plus d’une centaine de cannes ont été retrouvées dans son tombeau, rappelle Valérie Delattre. Il y a une controverse pour savoir s’il s’agissait d’un attribut du pouvoir ou si, comme je le crois plus, c’était une aide à la marche. » Plusieurs sièges et six chars figurent aussi dans la liste des objets de la tombe, qui peuvent appuyer l’idée d’un jeune homme ayant du mal à se déplacer, voire à tenir sur ses jambes. De plus, quelques représentations montrent Toutankhamon décochant des flèches assis, alors que le tir à l’arc lors de la chasse s’effectuait debout. « Cela dit, tempère Valérie Delattre, le diagnostic des maladies à partir des représentations humaines est à prendre avec des pincettes. »

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Written by Milo

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