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Andry Rajoelina ne veut plus seulement compter sur les lémuriens pour attirer les touristes étrangers à Madagascar. Il lui faut désormais les animaux de la savane africaine comme dans le film d’animation… Madagascar. Le chef de l’Etat en a fait la surprenante annonce devant un parterre de chefs d’entreprise, de diplomates et d’investisseurs étrangers réunis les vendredi 28 et samedi 29 octobre à Antananarivo à l’occasion du Forum des investissements pour l’émergence de Madagascar.
« Nous voulons voir des girafes, des zèbres, des éléphants… Je suis convaincu que des millions de personnes viendront à Madagascar pour voir ces animaux », a-t-il ordonné en promettant une franchise de taxes à tous ceux qui se lanceront dans l’aventure pour peupler les aires protégées de ces icônes de la faune sauvage.
En 2005, le blockbuster produit par le studio américain DreamWorks Animation avait donné un formidable coup de projecteur sur le pays à travers les aventures de Marty, le zèbre, Gloria, l’hippopotame et Melman, la girafe, échappés du zoo de New York et naufragés involontaires sur la Grande Ile de l’océan Indien. Il y avait aussi Alex le lion, mais le président malgache n’en a pas parlé. Le film et ses deux suites, sorties en 2008 et 2012, comptabilisent près de 12 millions d’entrées rien que dans les salles françaises. Loin, très loin, des 350 000 visiteurs étrangers qui se rendaient à Madagascar avant que les chiffres ne s’effondrent avec la pandémie.
Protéger la faune endémique
Faire de Madagascar une destination de safari laisse les experts de la conservation et les opérateurs touristiques perplexes, voire inquiets. « C’est une idée très étrange. Ces mammifères africains n’ont jamais existé à Madagascar. Aucun d’entre eux, en dehors des hippopotames qui ont disparu il y a environ un millier d’années, n’a réussi à traverser le canal du Mozambique », explique le biologiste Steven Goodman, spécialiste de l’histoire naturelle du pays et coauteur d’Extinct Madagascar. Picturing the Island’s Past (Université de Chicago, 2014, non traduit).
En revanche, l’île possède une faune endémique unique au monde. « Il existe 170 espèces de mammifères, à commencer par les lémuriens, qu’on ne trouve nulle part ailleurs. La priorité devrait être de les protéger alors que leur habitat diminue d’année en année avec la déforestation », poursuit-il.
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