Les enfants en bas âge consomment de plus en plus d’antibiotiques, selon un rapport de Santé publique France relayé par Le Parisien. Or, un recours trop important à ce type de médicaments, en plus d’être inefficace, peut s’avérer dangereux.
“Les antibiotiques, c’est pas automatique”. La Sécurité sociale a réussi à imposer ce slogan dans les années 2000 avant de le remplacer en 2018 par “les antibiotiques, ils sont précieux, utilisons-les mieux”. Le message reste le même, face à une consommation trop importante de ce type de médicaments, qui s’attaque aux bactéries pathogènes mais qui est inefficace contre les virus. Santé publique France alerte aujourd’hui spécifiquement sur le recours trop massif aux antibiotiques pour les enfants en bas âge, indique Le Parisien.
Alors que le nombre de prescriptions était en baisse quasi-constante depuis dix ans pour toutes les tranches d’âge, passant même sous la barre des 1000 par an pour 1000 enfants de 0 à 4 ans en 2020 (ce qui est en partie dû à une baisse des consultations durant la crise sanitaire), l’Agence nationale de Santé publique a vu ce chiffre dépasser une nouvelle fois les 1200 l’année dernière. En cause, l’abandon des gestes barrières et surtout le retour de la propagation massive des maladies hivernales. Problème: beaucoup des nez qui coulent cet automne ne le font pas en raison d’une infection bactérienne mais bien d’un virus.
Une nouvelle campagne de sensibilisation
Les anciennes campagnes de sensibilisation ayant coïncidé avec une baisse du sur-recours aux antibiotiques, l’Assurance maladie et Santé publique France sont donc revenus avec de nouvelles affiches à afficher chez les praticiens. Au côté d’une fillette affirmant que “les antibiotiques, ça ne marche pas contre son angine”, on retrouve un nouveau slogan: “Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser”.
“C’est la sélection naturelle. Si on en prend trop régulièrement, on se retrouve avec des infections beaucoup plus difficiles à traiter”, explique l’infectiologue Pierre Tattevin au Parisien.
De même, le recours trop régulier aux antibiotiques peut affaiblir le microbiote, le réseau d’organismes microscopiques qui participe au bon fonctionnement de notre corps, et des maladies chroniques peuvent en résulter.
Parmi les plus gros consommateurs européens
La connaissance des Français concernant les antibiotiques est par ailleurs manifestement trop faible selon le rapport: 77% des Français pensent à tort qu’ils peuvent soigner la bronchite aiguë, plus de 65% également la bronchiolite et 53% la grippe. Une méconnaissance renforcée par le fait que les médecins continuent de prescrire ce type de traitement face à des maladies virales, ne faisant souvent pas tester leurs patients.
“Ils ont l’impression que ça prend du temps et préfèrent faire comme ils veulent”, explique le pédiatre Christophe Batard au Parisien.
Certains patients n’hésitent d’ailleurs pas à réclamer des antibiotiques à leur praticien si ceux-ci ne leur en délivrent pas d’eux-mêmes.
La France se classe aujourd’hui quatrième parmi les pays ayant le plus recours aux antibiotiques selon le rapport, avec une moyenne de 700 prescriptions pour 1000 habitants en 2021. On retrouve en tête du classement la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie.