Même si un rapport vient de révéler que la Banque de Montréal (BMO) finance l’équivalent de 3,5 fois les émissions GES du Québec, ses dirigeants soutiennent montrer la voie en matière de lutte aux changements climatiques.
« On essaye de tracer la voie pour les autres. […] En 2019, on s’est mis des cibles et on progresse rapidement », prêchait Grégoire Baillargeon, nouveau président de BMO Groupe financier Québec, en marge d’une conférence la semaine passée.
Selon un rapport qui vient d’être publié par Oxfam-Québec et l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), les institutions de dépôt canadiennes ont financé l’équivalent de 1,9 milliard de tonnes de CO2 en 2020, soit 2,5 fois le poids carbone du Canada. Les quatre institutions bancaires québécoises – BMO, Banque Nationale, Desjardins, Banque Laurentienne – financent six fois les émissions GES du Québec.
Manque criant de transparence
« Spontanément, quand on pense émissions polluantes, on pense camions ou industries, explique Catherine Carron, porte-parole d’Oxfam-Québec. Mais pense-t-on à la responsabilité de ceux qui financent ces projets ? Si on veut s’attaquer à la racine du problème, il faut s’attaquer à la racine de chaque projet polluant. »
Or, à l’heure actuelle, il n’existe de consensus ni sur la divulgation des informations ni sur leur calcul. Selon Mme Carron, c’est pourtant essentiel pour que les consommateurs puissent faire un choix éclairé.
Et engagements fort timides
Si toutes les banques canadiennes commanditent de nombreux projets émetteurs de GES, il est vrai que leurs cibles de réduction diffèrent.
Malgré une empreinte carbone conséquente, BMO se démarque en étant la seule banque canadienne à s’être donné une cible de réduction absolue de ses émissions GES financées pour 2030. Mais seulement de 30 %. L’ONU exige une réduction de moitié.
Parmi les autres banques canadiennes – RBC, CIBC, TD, Scotia, Banque Nationale, Banque Laurentienne –, aucune à ce jour n’a publié de cible de réduction absolue. Elles se placent donc encore plus en retard sur les objectifs édictés par l’ONU, pourtant essentiels pour limiter le réchauffement climatique à un niveau soutenable.
Desjardins n’a pas encore publié de cibles 2030, mais dit viser la carboneutralité dans les secteurs fortement émetteurs d’ici 2040, soit dix ans plus tôt que la norme du marché.