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Le gorfou huppé sacrifie son premier œuf au profit du second


L’« Eudyptes sclateri » est reconnaissable à ses deux aigrettes au-dessus des yeux, dans les îles Antipodes, en Nouvelle-Zélande, en 2017.

Dans le climat hostile de l’extrême Sud, se reproduire mais surtout nourrir sa progéniture relève de l’exploit. Les manchots l’ont bien compris. Les plus massifs de ces oiseaux des mers glaciales – les manchots empereurs et royaux – pondent un unique œuf, chaque année. Les autres poussent jusqu’à deux. Leurs cousins les gorfous, repérables par les aigrettes de chaque côté de leur tête, se sont arrêtés à mi-chemin : les femelles pondent deux œufs… mais n’en laissent éclore qu’un seul. L’intérêt d’une telle pratique ? Pour quatre des sept espèces, qui couvent le premier œuf sitôt sa sortie, les scientifiques ont tranché : il s’agit d’une assurance-vie. Pondu quelques jours plus tard, le second n’a droit à l’attention des parents que s’il est arrivé malheur à son prédécesseur. Mais trois autres espèces font l’inverse : elles boudent le premier œuf et investissent tout sur le second.

A quoi rime un tel comportement ? Tout chef-d’œuvre nécessite un brouillon, répondront les peintres et les cadets en mal de reconnaissance. Dans un article publié le 12 octobre dans la revue PlosOne, une équipe de l’université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, a tenté d’aller plus loin en étudiant de près la reproduction du gorfou huppé. Pour cela, le biologiste Lloyd Davis a repris « le plus ancien jeu de données jamais rassemblé sur ces oiseaux isolés et mal connus », celui qu’il avait recueilli lors d’une longue expédition dans les îles des Antipodes, en 1998.

Sur ces terres inhabitées, perdues à quelque 800 kilomètres au sud-est de la Nouvelle-Zélande, vit, ou plutôt survit, Eudyptes sclateri, le nom scientifique du gorfou huppé. Après trois jours et demi de navigation et un débarquement tumultueux, Davis et ses collègues avaient pu observer, de septembre à novembre, toute la saison de reproduction, des parades nuptiales jusqu’à l’éclosion des œufs. Un matériau particulièrement riche. Sauf que, de retour à Otago, Lloyd Davis avait changé de vie pour monter le département de cinéma animalier de l’université. Enterrées, les données. Mais « devant la réduction constante de la population de cette espèce », le biologiste a décidé de rouvrir ses carnets et de publier.

Un deuxième œuf 85 % plus gros

Première observation : aucun des quelque 200 premiers œufs que les scientifiques ont observés n’a éclos. 40 % d’entre eux n’ont jamais été couvés, d’autres sont perdus, autrement dit roulent hors du nid rudimentaire érigé par les oiseaux. D’autres encore sont détruits, une fois pondu le second œuf, en moyenne 3,5 jours plus tard. Un œuf nettement plus gros que le premier : 85 % de masse supplémentaire, l’écart le plus important jusqu’ici répertorié dans les différentes espèces de gorfous.

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Written by Milo

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