Deux semaines de conférence sur le climat débutent ce dimanche en Égypte dans un contexte de crises. Les grandes puissances doivent évoquer l’aide à la transition écologique des pays en développement.
Près de 200 pays se retrouvent à partir de ce dimanche à Charm el-Cheikh en Égypte pour la COP27 afin de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement climatique et ses impacts qui déferlent dans un monde divisé et préoccupé par d’autres crises.
Inondations historiques au Pakistan, canicules à répétition en Europe, ouragans, incendies, sécheresses… Le combat pour le climat est une “question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd’hui et pour notre survie demain”, insistait récemment le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
La 27e conférence de l’ONU sur le climat (COP27), qui doit durer deux semaines, “doit poser les fondations pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu”, a-t-il mis en garde.
• Le financement de la transition des pays en développement
Le ressentiment des pays les plus pauvres, pas responsables du réchauffement mais en première ligne de ses impacts, sera au cœur de la COP27, alors que les 20 pays les plus riches sont responsables de 80% des émissions mondiales. Problème: la promesse des pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leur aide aux pays du Sud pour réduire leurs émissions et se préparer aux impacts n’est toujours pas tenue.
“Il manque une vingtaine de milliards de dollars”, déplore sur BFMTV le climatologue Jean Jouzel. “Ce serait important, si nous voulons garder la confiance des pays en voie de développement, de tenir cet engagement”, estime-t-il.
Le Sud réclame désormais un financement supplémentaire dédié aux “pertes et dommages” déjà subis, mais les pays développés sont très réticents, et n’ont accepté l’an dernier que la création d’un “dialogue” sur la question, prévu jusqu’en 2024.
“On jugera du succès ou de l’échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages”, a prévenu Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l’ONU et président du Groupe 77+Chine, qui représente plus de 130 pays émergents et pauvres.
• Revoir à la hausse les engagements pour le climat
Autre enjeu de ce grand rendez-vous pour le climat: que les pays revoient à la hausse leurs engagements pour le climat. Les émissions de gaz à effet de serre doivent en effet baisser de 45% d’ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.
Mais les engagements actuels des États signataires, s’ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10%, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4°C d’ici la fin du siècle, loin de respecter l’objectif principal de l’accord de Paris de moins de 2°C. Avec les politiques menées actuellement, c’est même un catastrophique +2,8°C qui se profile.
“Pitoyablement pas à la hauteur”, a fustigé Antonio Guterres, qui déplore que le climat ait été relégué au second plan par l’épidémie de Covid, la guerre en Ukraine, les crises économique, énergétique et alimentaire.
Dans ce contexte, malgré les engagements pris à la COP26, seuls une vingtaine de pays ont relevé leurs objectifs, et l’ONU ne voit “aucune piste crédible” pour tenir l’objectif de 1,5°C.
• Laisser de côté les divisions
Lors d’un appel à laisser de côté les divisions, le patron de l’ONU-Climat, Simon Stiell, a lui exhorté vendredi lors d’un point presse à “passer des mots aux actes”: “Paris nous a montré ce qu’il fallait faire. Glasgow nous a montré comment. À Charm el-Cheikh, il faudra le faire”.
Le regain de tensions entre les deux principaux pollueurs mondiaux, États-Unis et Chine, pèse cependant sur la conférence. Le président chinois Xi Jinping ne viendra pas et l’Américain Joe Biden devrait passer rapidement après les élections de mi-mandat du 8 novembre. Les deux pourraient toutefois se voir en marge du G20 à Bali, pendant la deuxième semaine de la COP.
“Si les deux plus gros émetteurs ne se parlent pas, nous n’arriverons pas à tenir 1,5°C”, prévient Li Shuo, de Greenpeace Chine.
• Quels engagements pour le secteur privé?
Les engagements du secteur privé seront aussi sous les projecteurs avec la publication du rapport du groupe d’experts de l’ONU chargé d’élaborer des normes pour évaluer les objectifs de neutralité carbone des entreprises, villes, régions ou investisseurs.
Parce que “notre monde ne peut plus se permettre de greenwashing, de faux-semblants et de retardataires”, a souligné Antonio Guterres.