Pas besoin d’être scientifique pour savoir qu’écouter de la musique trop fort est mauvais pour la santé. De 670 millions à 1,35 milliard d’adolescents et de jeunes adultes risquent potentiellement une perte auditive en raison de l’utilisation d’écouteurs et de la fréquentation de lieux musicaux bruyants, conclut une méta-analyse publiée mardi 15 novembre dans la revue BMJ Global Health.
Une équipe de chercheurs a compilé 33 études, rassemblant plus de 19 000 participants de 12 à 34 ans et analysant leur mode d’écoute de la musique avec écouteurs et dans des salles de concert, boîtes de nuit, bars, etc. Il ressort que les adolescents et les jeunes adultes qui utilisent des écouteurs ou un casque audio choisissent souvent un volume autour de 105 décibels (dB) et que les niveaux sonores moyens dans les lieux de divertissement se situent entre 104 et 112 décibels. Ces niveaux dépassent ceux préconisés par les autorités.
« Ces résultats montrent que les pratiques d’écoute non sécurisées sont très répandues chez les adolescents et les jeunes adultes », indiquent les chercheurs. Ils tirent la sonnette d’alarme :
« Il est urgent que les gouvernements, l’industrie et la société civile donnent la priorité à la prévention de la perte auditive en promouvant des pratiques d’écoute sûres. »
Déficience auditive : une personne sur quatre en 2050
Le phénomène n’est pas nouveau. « Des millions d’adolescents et de jeunes risquent de souffrir de déficience auditive en raison de l’utilisation dangereuse d’appareils audio personnels et de l’exposition à des niveaux sonores préjudiciables dans des lieux tels que les boîtes de nuit, les bars, les concerts et les événements sportifs », avait en effet interpellé la docteure Bente Mikkelsen, directrice du département maladies non transmissibles à l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), en mars 2022, lors de la journée mondiale de l’audition. Une nouvelle norme avait été instaurée à cette occasion, de 100 décibels. Environ 1,5 milliard de personnes dans le monde sont concernées par une déficience auditive, elles seront 2,5 milliards en 2050, une personne sur quatre, selon les projections de l’OMS.
Les effets néfastes de l’exposition au bruit sur la santé auditive et non auditive ont été décrits. C’est l’une des principales causes de troubles de l’audition, d’après l’Inserm. Des niveaux sonores élevés détruisent de façon irréversible les cellules ciliées (qui font partie du système auditif) et altèrent les fibres nerveuses auditives. L’exposition à des sons forts peut aussi provoquer des acouphènes.
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