Le cerveau des éléphants reste relativement inexploré et l’extraordinaire musculature de la trompe ainsi que sa polyvalence sont toujours source d’interrogations. Des chercheurs ont étudié sa motricité et ont établi que le noyau facial différait de celui des autres mammifères terrestres. Sa densité neuronale révèle une complexité qui semble impliquer d’autres fonctions que le seul contrôle des expressions faciales.
On imagine souvent que certains sentiments comme l’empathie et l’expressivité sont propres aux êtres humains. Mais c’est loin d’être le cas : les animaux en sont, eux aussi, capables. Des chercheurs allemands ont récemment découvert que les éléphants sont dotés de beaucoup plus de cellules nerveuses que nous, ce qui les rend potentiellement plus expressifs.
Lena V. Kaufmann et ses collègues de l’université Humboldt de Berlin se sont penchés sur le système nerveux des pachydermes dans une étude publiée, le 26 octobre, dans la revue Science Advances. Ils y expliquent que les neurones du noyau facial de ces animaux sont plus nombreux que ceux des autres mammifères terrestres.
Dans la trompe, 150 00 muscles actionnés par plus de 50 000 neurones
Les éléphants ont plus de 50 000 neurones dans cette région du cerveau au rôle si particulier. En effet, les cellules nerveuses qui la composent sont aux commandes lorsque l’on sourit, plisse le nez ou lève les sourcils. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’être humain n’en possède que 8 000 à 9 000. C’est dix fois moins que les dauphins, qui ont 85 000 neurones dans leur rostre.
Démonstration de la polyvalence de la trompe de l’éléphant : dextérité et force. © La revue scientifique
Cette profusion de cellules nerveuses dans le noyau facial des éléphants contribue à la dextérité de la trompe. Cette dernière est un appendice très polyvalent, qui contient environ 150 000 muscles et tendons. Elle est suffisamment forte pour déraciner un arbre, mais si délicate que les pachydermes peuvent saisir des objets aussi fragiles qu’une chips au maïs.
Différence morphologique entre les trompes et les oreilles
Mais tous les éléphants ne s’en servent pas de la même façon. La trompe des éléphants d’Afrique dispose de deux appendices en forme de doigts à son extrémité, qui leur permettent d’attraper des objets en les pinçant. Un peu comme nous le ferions avec des baguettes. Leurs cousins asiatiques n’en ont, eux, qu’un seul, ce qui les pousse à enrouler leur trompe autour de ce qu’ils veulent saisir.
Les chercheurs allemands ont remarqué que ces divergences sont, en partie, liées aux réseaux neuronaux des deux espèces. Les éléphants d’Afrique et d’Asie ont respectivement 63 000 et 54 000 cellules nerveuses. Autre différence et pas des moindres : les pachydermes de la savane africaine allouent environ 12 000 neurones faciaux au seul contrôle de leurs oreilles. Et pour cause, elles sont beaucoup plus grandes que celles de leurs congénères asiatiques. Rien d’étonnant donc à ce que ces derniers n’utilisent « que » 7 500 cellules nerveuses pour les mouvoir.
Si ce chiffre peut paraître dérisoire par rapport à celui des éléphants d’Asie, il faut garder à l’esprit que seuls 3 000 neurones sont nécessaires au fonctionnement de l’ensemble du visage humain. La preuve que nous ne sommes pas si expressifs qu’on aime à le penser.