Grippe, Covid-19 et bronchiolite, trois virus respiratoires majeurs dont la circulation active menace les hôpitaux français déjà fragilisés, notamment dans les services pédiatriques. Quelle est la situation actuelle ?
Grippe, bronchiolite et Covid-19, voici les trois maladies respiratoires d’origine virale qui pèsent sur les hôpitaux en cette fin d’année. Cette « triple épidémie » menace la France, mais aussi les États-Unis qui connaissent une situation similaire. La situation est particulièrement sensible dans les services pédiatriques, débordés par les cas de bronchiolite. C’est la deuxième année consécutive que l’épidémie de bronchiolite est précoce, mais celle de 2022-2023 est aussi plus intense. Avec le variant BQ1.1 en passe de devenir majoritaire et la grippe qui s’installe doucement, les fêtes de fin d’année s’annoncent tendues dans les hôpitaux français ; plusieurs d’entre eux ont déjà activé le plan blanc.
Les urgences pédiatriques submergées
Cela fait trois semaines consécutives que les urgences pédiatriques sont submergées par la bronchiolite. Et selon les modèles épidémiologiques, le pic de l’épidémie n’est pas encore tout à fait passé. Le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France fait état de 6 882 enfants admis aux urgences pour une bronchiolite, dont 37 % ont dû être ensuite hospitalisés, soit 2 552 enfants, de moins de deux ans en grande majorité. L’année passée, le pic de l’épidémie a été atteint début décembre, avec un maximum d’environ 5 500 passages aux urgences pour environ 2 000 hospitalisations.
Pourquoi l’épidémie de bronchiolite est-elle si intense cette année ? Les pédiatres et épidémiologistes ont plusieurs hypothèses. Certains pensent que c’est la conséquence d’une « dette immunologique » provoquée par les mesures sanitaires mises en place contre la pandémie de Covid-19. Les enfants ont été moins exposés aux virus respiratoires ces deux dernières années, ce qui n’a pas permis de forger leur immunité, et la baisse de la couverture vaccinale a rendu sensible à l’infection un nombre important de tout-petits. Pour rappel, la bronchiolite est causée par le VRS, un virus respiratoire très commun qui contamine 90 % des enfants. Les symptômes qu’il engendre sont dans la majorité des cas bénins si suivis par le médecin traitant. Mais, s’ils persistent ou s’aggravent, les autorités sanitaires recommandent d’appeler d’abord le 15 avant de se rendre aux urgences.
Le retour perpétuel de la Covid-19
La bronchiolite concerne les enfants, mais les adultes et les séniors sont aussi exposés aux virus respiratoires. La circulation du SARS-CoV-2 connaît une accélération due à l’arrivée du sous-variant d’Omicron BQ1.1. Ce dernier devrait être majoritaire en France dans les prochains jours, supplantant ainsi BA.5 qui avait provoqué une huitième vague épidémique. À ce jour, les épidémiologistes ne parlent pas encore de neuvième vague, mais toujours est-il que le R de l’épidémie est de 1,2 et que l’ensemble des indicateurs virologiques sont en hausse. Les hospitalisations tendent aussi à augmenter.
Contre BQ1.1, la vaccination est le seul moyen de prévention à notre disposition, or celle-ci est très faible chez les personnes les plus fragiles. Une quatrième dose de vaccin est recommandée chez les plus de 60 ans, mais seulement 6 % des 60-79 ans et 7,9 % des 80 et plus l’ont effectivement reçue. De ce fait, une minorité de personnes âgées sont considérées comme protégées contre la Covid-19.
La grippe en embuscade
Cette situation déjà tendue devrait encore se crisper avec l’arrivée de la grippe. Pour l’instant, le virus de la grippe A(H3N2) gagne doucement du territoire. Seules quatre régions de France métropolitaine sont en phase pré-pandémique : le Centre-Val de Loire, les Hauts-de-France, l’Ile-de-France et la Normandie. Les Antilles et la Réunion sont déjà en phase épidémique, le reste du territoire est encore épargné, mais les indicateurs sont en augmentation. On dénombre déjà 19 cas de grippe sévère, dont un mortel. Les signalements se multiplient aussi dans les centres médico-sociaux : 50 répertoriés dont 10 dus à la grippe.
Dans ce contexte de circulation virale active, les autorités sanitaires recommandent aux personnes les plus fragiles de se faire vacciner contre la grippe et la Covid-19, c’est possible durant la même consultation chez le médecin en faisant une piqûre dans chaque bras. Le port du masque dans les lieux fréquentés comme les transports en commun ainsi que les autres gestes barrières permettent aussi de se protéger soi-même mais aussi les autres. Enfin, malgré les températures basses et les questions de sobriété énergétique, on peut aérer son logement quelques minutes pour se débarrasser des virus et autres pathogènes dans l’air.