Lors du choix d’un médicament, les médecins évaluent toujours le bénéfice-risque d’un traitement avant de le prescrire à leurs patients. Pour les aider, la revue Prescrire publie chaque année une liste de médicaments à éviter et présente des alternatives thérapeutiques.
Chaque année, la revue Prescrire publie une liste des médicaments à écarter pour mieux soigner. Cette liste a pour objectif d’aider les médecins à choisir des soins de qualité et d’éviter des effets indésirables disproportionnés pour les patients. La revue évalue la balance bénéfice-risque de chaque médicament, dans différentes situations de prescription. La méthode est rigoureuse : elle repose sur une recherche documentaire méthodique et reproductible. Les données récoltées sont hiérarchisées selon leur niveau de preuve. Dans l’édition 2023, 107 moléculesmolécules sont présentes sur la liste (dont 88 commercialisées en France). Selon Prescrire, ces médicaments ont une balance bénéfice/risque défavorable dans toutes les situations cliniques où ils sont indiqués.
Trois nouveaux médicaments déconseillés
Parmi les médicaments de la liste, trois nouvelles molécules sont entrées dans la liste :
- la teinture d’opium ou Dropizal est indiquée dans les diarrhéesdiarrhées sévères et présente de nombreux effets indésirables. Elle n’apporte aucun avantage clinique par rapport au lopéramide, qui est le traitement de référence dans cette indication. En France, la teinture d’opium n’est pas remboursée, ce qui fait qu’elle est très peu utilisée ;
- les protéinesprotéines d’arachidearachide ou Palforzia sont utilisées dans la désensibilisationdésensibilisation en cas d’allergie à l’arachide. Si elles réduisent la fréquence et l’intensité des réactions allergiques à l’arachide lors de tests réalisés à l’hôpital, elles augmentent la fréquence des réactions allergiques dans la vie quotidienne des patients. Certaines d’entre elles ont nécessité des injections d’adrénalineadrénaline ;
- le roxadustat ou Evrenzo est indiqué dans les anémiesanémies secondaires à une insuffisance rénale chronique. Il n’est pas plus efficace que le médicament de référence (époétine) alors qu’il peut être responsable de nombreux effets indésirables.
Des médicaments sur la liste depuis plusieurs années et… toujours commercialisés
Les auteurs s’insurgent que des médicaments classés sur leur liste noire depuis plusieurs années soient toujours commercialisés. C’est le cas du diclofénac ou Voltarène par voie orale. Cet AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) expose le patient à des effets indésirables cardiovasculaires alors que ce n’est pas le cas d’autres AINS comme l’ibuprofène qui est à privilégier. C’est aussi le cas du méphénésine ou Décontractyl par voie orale ou sous forme de pommade. Ce myorelaxant expose les patients à des somnolencessomnolences, des nausées et vomissements alors qu’il n’a pas fait la preuve de son efficacité. Les auteurs concluent en interpellant les autorités de santé à supprimer les médicaments plus dangereux qu’utiles.
Les médicaments à éviter : la liste noire de la revue Prescrire
Article de Julien Hernandez, publié le 29 novembre 2019
Comme chaque année depuis huit ans, la revue indépendante Prescrire publie sa liste noire des médicaments sur le marché. Elle regroupe différentes médications qui ont toutes un point commun : avoir une balance bénéfice-risque qui penche clairement vers le risque.
Pour qu’un médicament soit commercialisé et donc que l’agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) lui délivre une autorisation de mise sur le marché (AMMAMM), il doit amener la preuve de son efficacité dans une ou plusieurs affections données mais il faut également que les potentiels effets secondaires qu’il entraîne, ne fassent pas courir aux patients un risque supérieur au bénéfice qu’il est censé conférer. On appelle cela, la balance bénéfice-risque.
Qu’est-ce que la balance bénéfice-risque ?
Prenons un exemple concret. Pour une personne atteinte d’une infection bactérienne, le traitement antibiotique évite la mort du patient et peut lui occasionner quelques désordres digestifs ou des éruptions cutanéscutanés la plupart du temps (ne sont cités ici que les effets secondaires très courants). Il est simple de comprendre que, dans cette situation, la balance bénéfice-risque est positive. En revanche, on se rappelle du scandale Mediator. Même si ce dossier est complexe, il est l’exemple type d’un médicament à la balance bénéfice-risque fortement négative. Autrement dit, ce médicament, supposé antidiabétiqueantidiabétique, mais en réalité plutôt anorexigèneanorexigène, a entraîné des valvulopathies cardiaques chez un nombre considérable de patients et a causé la mort de nombre d’entre eux. Mais la balance bénéfice-risque ne se retrouve pas que dans le domaine médical. On peut la croiser aussi dans le domaine de l’agricultureagriculture ou dans celui de l’énergie, pour ne citer que ces deux exemples.
Quelque 92 médicaments devraient être interdits
Pas d’exception concernant les disciplines médicales : elles y passent toutes. De la cancérologiecancérologie à la psychiatrie en passant par la pneumologie, la gastro-entérologie, l’urologieurologie, etc. On retrouve des médicaments qui n’apportent pas de réels bénéfices mais entraînent des risques graves et fréquents ou bien qui possèdent autant d’efficacité qu’une thérapeutique similaire avec des effets secondaires en plus. Dans ce bilan 2020, douze médicaments ont été ajoutés pour seulement un seul retiré après réévaluation (mais qui comporte, selon la revue Prescrire, une balance bénéfice-risque toujours incertaine).
Les douze nouveaux médicaments ont été inscrits car « les effets indésirables auxquels ils exposent sont disproportionnés par rapport à leur faible efficacité ou à la bénignité de la situation clinique dans laquelle ils sont autorisés. » Il s’agit des alpha-amylase dans les maux de gorge, du Ginkgo biloba dans les troubles cognitifs chez les patients âgés, du naftidrofuryl dans le syndromesyndrome de la vessie douloureuse, de la pentoxyvérine dans la toux, du ténoxicam, un anti-inflammatoire non stéroïdien, de la xylométazoline, un décongestionnant rhinopharyngé disponible en Belgique, Suisse et ailleurs. On y retrouve également plusieurs médicaments à éviter à cause de contaminationscontaminations par du plombplomb des argilesargiles médicamenteuses. C’est le cas du très célèbre Smecta.
Enfin, vous pouvez retrouver la liste exhaustive des 105 médicaments concernés, classés par discipline, dans le rapport de la revue Prescrire afin d’en parler à votre équipe soignante si vous suivez, ou si quelqu’un de votre famille suit, un traitement avec l’un de ces médicaments.
Les 68 médicaments à proscrire selon la revue Prescrire en 2014
Article publié le 3 février 2014
Comme tous les ans, la revue Prescrire établit la liste des médicaments qu’il est préférable d’éviter, pour préserver sa santé. Cette année, 68 semblent sortir du lot pour de mauvaises raisons.
La revue médicale et indépendante Prescrire a détaillé de nombreux médicaments dans ses colonnes entre 2010 et 2013. Tous ont été analysés avec minutie par les spécialistes du journal. Et selon eux, il ressort de cette enquête que 68 de ces principes actifsprincipes actifs devraient être bannis de notre pharmacopée, étant donné les dangers qu’ils entraînent, y compris par rapport aux bénéfices qu’ils procurent.
La palette concernée est large : certains médicaments contre le cancercancer pourraient augmenter les risques de mortalité (Revomab, Vectibix, etc.), d’autres prescrits pour traiter les troubles cardiaques sont inefficaces voire dangereux (Rasilez, Lypantheyl…), pareil pour le diabètediabète (Xenical), les rhumatismes (Protelos), les troubles digestifs (Motilium), ou les antidépresseursantidépresseurs. Entre autres. Tous les médicaments cités se révèlent sans effets ou entraînent des effets secondaires importants, qui pousse la revue à juger la balance bénéfices/risques défavorable.
Pour la sixième année consécutive, Prescrire n’a pas donné à l’inverse de Pilule d’or, titre honorifique récompensant une avancée notable dans la médecine. Aucun médicament non plus dans le Tableau d’honneur 2013, qui recense les progrès conséquents pour certains patients. Au palmarès des thérapiesthérapies intéressantes figure seulement le Nimerix, un vaccinvaccin des laboratoires GSK protégeant les nourrissons de la méningites à méningocoques de type A, C, W135 et Y, car il constitue une « amélioration modeste » de la préventionprévention de cette maladie mortelle.