ArcelorMittal a décidé d’aller plus loin dans la reconversion verte de son usine de Port-Cartier, dans la région de la Côte-Nord, en remplaçant toujours plus le mazout par de l’huile pyrolytique comme combustible pour ses fours de boulettes de fer.
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ArcelorMittal a utilisé depuis juillet dernier plus d’un million de litres de l’huile produite à partir de résidus forestiers.
Ce virage vert lui a permis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Devant le succès de cette expérience, la conversion de l’usine va se poursuivre.
Une odeur nouvelle est apparue dans l’usine d’ArcelorMittal de Port-Cartier, dans la région de la Côte-Nord, qui produit des boulettes de fer destinées à la fabrication d’acier. Les effluves proviennent du nouveau combustible utilisé depuis juillet dernier dans les fours servant à cuire les boulettes.
ArcelorMittal a adapté son procédé, notamment en remplaçant des brûleurs, pour intégrer l’huile pyrolytique qui dégage moins d’énergie que le mazout.
«On sent vraiment cette odeur de bois brûlé, de fumée. Un peu comme le saumon fumé», a indiqué Jérémie Gallet, directeur qualité et procédé chez ArcelorMittal.
L’huile pyrolytique est fournie par Bioénergie AE Côte-Nord et est produite avec les résidus des opérations de la scierie Produits Forestiers Arbec, située à un kilomètre de l’usine de bouletage d’ArcelorMittal.
«De passer d’une ressource non renouvelable qui vient de partout dans le monde à une ressource qui vient de nos forêts, juste à côté de chez nous, et faire travailler des gens à Port-Cartier même, on valorise notre territoire, c’est vraiment passionnant», a souligné Jérémie Gallet, lors de la visite de l’usine par TVA Nouvelles.
«C’est moins efficace, mais ça reste un très très bon combustible. On est juste obligé d’en consommer à peu près deux fois plus que du mazout. Mais à la fin, c’est des émissions de CO2 en moins dans l’atmosphère. Nous, c’est vraiment notre motivation, a expliqué Jérémie Gallet. On a déjà consommé un million de litres d’huile pyrolytique, donc économisé 500 000 litres de mazout. C’est énorme pour la planète».
Jusqu’à présent, deux des dix-huit zones de l’usine de bouletage ont été converties pour que les appareils puissent fonctionner avec l’huile pyrolytique. D’ici quelques années, quatre autres zones devraient s’ajouter. ArcelorMittal prévoit ainsi réduire de 23 % l’utilisation de mazout lourd dans son usine. Cela représente une baisse annuelle de 57 600 tonnes en équivalent de CO2.
«On est la première usine de bouletage au monde à utiliser l’huile pyrolytique sur une base continue dans nos procédés. On a décidé de le faire parce qu’on est voisins de Produits Forestiers Arbec, on y voyait une opportunité. On s’est dit: “pourquoi pas, on essaie de voir si on est capables de pouvoir allier la forêt à la production d’un acier plus vert”», a indiqué le vice-président aux Relations gouvernementales et aux affaires publiques et stratégie d’ArcelorMittal, Julien Lampron.
ArcelorMittal a pris l’engagement de réduire de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
«C’est vraiment la première brique de la décarbonisation de notre industrie.
On a d’énormes projets qui s’en viennent pour continuer cette transformation», a-t-il ajouté.
Le deuxième producteur d’acier au monde souhaite notamment intégrer du biocharbon produit au Québec dans ses procédés. Un projet de réduction du taux de silice est aussi en marche. Les boulettes ainsi produites peuvent être transformées dans des fours à arc électrique et produire un acier moins polluant.