Sur la place de la gare bordée d’immeubles étroits et hauts, la Grande Pharmacie de Paris, à Lille, occupe une position privilégiée. Au croisement de deux grandes stations ferroviaires, de deux lignes de métro et d’une ligne de tram, son accessibilité est un atout précieux. Elle a été retenue, de fait, pour participer à une expérimentation qui a débuté le 10 août : avec quatre autres officines, elle teste la faisabilité d’une vaccination contre le virus Monkeypox (« variole du singe ») par les pharmacies de ville.
A l’intérieur, quelques jeunes hommes patientent, en une file discrète, devant les stands de parapharmacie. « Je viens de Bruxelles, à une demi-heure de train, témoigne Philippe, 38 ans. En Belgique, les stocks du vaccin de nouvelle génération contre la variole sont très insuffisants. J’ai pris rendez-vous sur Doctolib et obtenu très vite une place. Etre vacciné me rassurera. » Derrière lui, Marc, 42 ans, vient aussi de Belgique ; même chose pour Thierry, 33 ans : « J’ai été informé par Instagram de l’ouverture de cette vaccination, explique-t-il. Pour moi, c’est une sécurité. »
« Vous êtes droitier ou gaucher ? », demande Amaury, pharmacien assistant, dans une petite salle aveugle nichée derrière l’espace de vente. « Droitier », répond Marc. Après désinfection, Amaury pique l’épaule gauche du jeune homme et pousse doucement le piston. « Le vaccin est injecté sous la peau, ça ne fait vraiment pas mal, détaille-t-il. Tout au plus, ça risque de gonfler un peu dans les heures qui viennent. » Ce que confirme Philippe, regard bleu vif, souriant derrière le masque : « C’est une petite piqûre de rien du tout ! »
« Il y a une forte attente, relève Fabien Florack, pharmacien titulaire, gérant de la pharmacie lilloise. Quand nous avons ouvert les premiers créneaux, ils ont été pris en moins de deux jours. » Cette pharmacie a aussi été choisie pour son importante file active de patients traités pour le VIH ou qui suivent un traitement préventif. « Cette population correspond au public cible de la vaccination contre la variole du singe. Sur ce sujet sensible, notre expérience nous donne un savoir-être. »
Tempo poussif, mais qui s’accélère
Identifiée début mai, l’épidémie de variole du singe concerne un nombre croissant de pays et de personnes. Au 19 août, 40 756 cas étaient reportés dans 96 pays, dont 19 870 en Europe. En France, 2 749 cas confirmés étaient recensés, le 16 août. La région Ile-de-France concentrait le plus grand nombre de cas (1 642), suivie de l’Occitanie (244 cas) et d’Auvergne-Rhône-Alpes (213 cas). Tous sont des hommes adultes (âge médian : 36 ans), sauf 29 femmes et quatre enfants de moins de 15 ans. A ce jour, 53 personnes (3 %) ont dû être hospitalisées, mais aucun décès n’a été signalé en France.
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