Le décollage d’Artemis-1, la nouvelle fusée de la NASA pour la Lune, la plus puissante du monde, a été annulé, lundi 29 août, en raison d’un problème technique. C’est une déception pour l’agence spatiale américaine, qui devra désormais viser les prochaines dates de repli.
Cinquante ans après le dernier vol d’Apollo, la mission Artemis-1 doit marquer le début du programme américain de retour sur la Lune, qui doit permettre à l’humanité d’atteindre ensuite la planète Mars.
Les prochaines dates de décollage possibles sont les 2 et 5 septembre. Mais le problème devra d’abord être examiné en détail par les équipes de la NASA avant de déterminer une nouvelle date.
Le lancement était initialement prévu à 8 h 33 (14 h 33, heure de Paris) depuis l’aire de lancement 39B du centre spatial Kennedy, en Floride. Mais alors que le jour se levait peu à peu sur la fusée orange et blanche SLS, haute de 98 mètres, le décollage était devenu de plus en plus improbable.
Les réservoirs de la mégafusée ont bien été remplis de plus de trois millions de litres d’hydrogène et d’oxygène liquides ultrafroids. Mais le remplissage avait commencé avec environ une heure de retard à cause d’un risque de foudre trop élevé au milieu de la nuit. Puis une fuite a entraîné une pause lors du remplissage de l’étage principal avec l’hydrogène, avant qu’une solution ne soit trouvée et que le flux reprenne.
Vers 7 heures du matin heure locale, un nouveau problème, décisif, est apparu : l’un des quatre moteurs RS-25, sous l’étage principal de la fusée, n’arrivait pas à atteindre la température souhaitée, condition nécessaire pour pouvoir l’allumer. Le compte à rebours a alors été stoppé, et après plus d’une heure et demie d’attente et de tentatives de régler le problème, la directrice de lancement à la NASA, Charlie Blackwell-Thompson, a pris la décision d’annuler.
« Rêves et espoirs »
Des milliers de personnes avaient fait le déplacement pour assister au spectacle, dont la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris. La mission a pour but de propulser la capsule Orion sans équipage jusqu’en orbite autour de la Lune, pour vérifier que le véhicule est sûr pour de futurs astronautes, dont la première femme et la première personne de couleur qui marcheront sur la surface lunaire. « Cette mission emporte les rêves et les espoirs de beaucoup de gens », a déclaré, ce week-end, le patron de la NASA, Bill Nelson, avant d’ajouter : « Nous sommes dorénavant la génération Artemis. »
L’objectif principal d’Artemis-1 est de tester le bouclier thermique de la capsule, qui reviendra dans l’atmosphère terrestre à près de 40 000 km/h et avec une température à moitié aussi élevée que la surface du Soleil. Au lieu d’astronautes, des mannequins seront à bord, équipés de capteurs enregistrant vibrations et taux de radiation. Des microsatellites seront également déployés pour aller étudier la Lune, ou encore un astéroïde. La capsule s’aventurera jusqu’à 64 000 kilomètres derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu’ici.
Un échec complet de la mission serait dévastateur pour une fusée au budget faramineux (4,1 milliards par lancement, selon un audit public) et en retard de plusieurs années (commandée en 2010 par le Congrès américain pour une date initiale de décollage en 2017).
Viser (de nouveau) la Lune
Après cette première mission, Artemis-2 emportera, en 2024, des astronautes jusqu’à la Lune, sans y atterrir. C’est un honneur qui sera réservé à l’équipage d’Artemis-3, en 2025 au plus tôt. La NASA souhaite ensuite lancer environ une mission par an.
Le but est d’établir une présence humaine durable sur la Lune, avec la construction d’une station spatiale en orbite autour d’elle (Gateway) et d’une base à la surface. Sur cette station, l’humanité doit apprendre à vivre dans l’espace lointain et développer toutes les technologies nécessaires à un aller-retour vers Mars.
Un voyage de plusieurs années qui pourrait avoir lieu « à la fin de la décennie 2030 », selon Bill Nelson. Mais avant cela, se rendre sur la Lune est aussi stratégique, face aux ambitions de nations concurrentes, notamment la Chine.
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« Nous voulons aller sur le pôle Sud [de la Lune], là où sont les ressources », notamment de l’eau sous forme de glace, a détaillé M. Nelson sur NBC dimanche. « Nous ne voulons pas que la Chine y aille et dise “c’est notre territoire”. »