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« Il nous faut redevenir les gardiens de notre planète »

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Autrice prolifique, la philosophe Joëlle Zask, maîtresse de conférences à l’université Aix-Marseille, a fait de la participation le fil rouge de sa pensée. Elle s’interrogeait déjà, avant que ces sujets ne fassent l’actualité, sur le rôle de la démocratie participative, l’apparition des mégafeux ou encore la place de la vie sauvage en ville. Joëlle Zask a publié au début de l’année Ecologie et Démocratie (Premier Parallèle, 240 p., 20 €).

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Joëlle Zask, philosophe défricheuse

Les feux de forêt, qui se multiplient, sont les symptômes d’une planète malade, écriviez-vous en 2019. En quoi la nature même de ces feux doit-elle nous alerter ?

Depuis quelques années, les feux de forêt ont une ampleur, une intensité, un caractère destructeur et incontrôlable, différents des incendies que l’on connaissait jusqu’à présent. L’historien Stephen Pyne avait distingué trois régimes de feux : les feux naturels, provoqués notamment par les éclairs ; les feux « aborigènes », ou dirigés, qui sont pratiqués depuis des millénaires de manière très savante par de nombreuses populations ; les feux industriels, dus à la combustion d’énergies fossiles.

On peut penser que nous sommes aujourd’hui confrontés à un nouveau régime, celui du mégafeu, feu extrême, qui a la particularité d’être directement lié au dérèglement climatique, dont les activités humaines sont responsables. Alors que les feux faisaient partie de la vie normale des forêts, les mégafeux détruisent durablement tout équilibre par leur intensité, leur étendue, leurs effets psychologiques, politiques et économiques dévastateurs, comme on l’a vu en Australie, en Californie, au Brésil ou, cette année, en Europe.

Ces incendies peuvent-ils conduire à une accélération de la prise de conscience de l’urgence d’agir ?

L’opinion est sans doute en train d’évoluer. La sécheresse de cet été a fait s’accélérer la prise de conscience collective. Mais les réponses médiatiques et politiques en France restent, à mon avis, inadaptées. Par exemple, les médias les plus populaires n’établissent aucun lien entre les incendies et le dérèglement climatique. Ils préfèrent commenter l’action héroïque des « soldats du feu » ou étaler le spectacle des flammes. Cela ne dit rien du phénomène, ni de ses causes ni surtout de ce qu’on pourrait faire pour le prévenir.

Du côté politique, les décisions ne sont pas encore au rendez-vous. Alors même qu’il avait placé l’écologie au cœur de son programme, l’exécutif n’engage pas les débats que le mégafeu impose, notamment sur la gestion de la forêt : qu’est-ce qu’une forêt et comment la reconstruire ? Faut-il la laisser en libre évolution ou la cultiver ? Est-il souhaitable que l’Office national des forêts dépende encore du ministère de l’agriculture et de l’alimentation ? De la même façon, la sécheresse pourrait conduire à un grand débat public national. Alors même que nous sommes nombreux à avoir subi et accepté une restriction de l’usage de l’eau, faut-il pérenniser la culture du maïs, du tournesol et du soja, qui en consomment beaucoup ?

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Written by Stephanie

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