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[EN VIDÉO] Les fleuves : le monde vu par Thomas Pesquet De l’eau qui coule : voilà un spectacle dont on ne se lasse pas, même lors d’une mission dans la Station spatiale internationale. L’astronaute Thomas Pesquet, lors de son séjour, a été chargé de réaliser un certain nombre d’images, ce qu’il a fait sur plusieurs thèmes. Voici des fleuves bien connus des Terriens mais admirés comme un spectacle impossible à imaginer depuis le sol.
Les rivières et les fleuves sont en général bordés par de plus ou moins vastes zones inondables que l’on appelle « plaines d’inondation », et qui se retrouvent submergées régulièrement lors des épisodes de crues. Ces zones sont cependant très souvent aménagées par l’Homme pour en faire des terrains agricoles ou des zones habitables. Les aménagements, comme les digues, réalisés pour éviter à l’eau de pénétrer dans ces terrains, déconnectent les plaines d’inondation du réseau fluviatile. Or, ce lien est nécessaire à la bonne santé de la rivière et de son écosystème.
Les plaines d’inondation aident à réduire la pollution en nitrate des rivières
Les plaines d’inondation jouent en effet un rôle très important. Régulièrement inondées, elles marquent une interface cruciale entre les terrains secs et les cours d’eau. Cette position en fait des zones particulièrement importantes pour le renouvellement des nutriments et la biodiversité. Elles possèdent d’ailleurs les écosystèmes les plus riches qui existent sur Terre.
L’une des contributions majeures des plaines d’inondation est de réduire l’azote présent dans les rivières. C’est ce que démontre une nouvelle étude, portant sur le système fluviatile du Danube, qui est publiée dans Science of the Total Environnement.
Le Danube a la particularité de posséder le deuxième plus grand bassin versant d’Europe. Cependant, entre 70 et 80 % de ses plaines d’inondation ont été déconnectées du réseau fluviatile ou transformées en terres agricoles durant les dernières décennies. Cette modification fonctionnelle de la dynamique du fleuve a eu d’importantes répercussions.
Dans cette étude, les chercheurs mettent en lumière la quantité phénoménale d’azote entrant dans les eaux du Danube chaque année : 500.000 tonnes, majoritairement sous forme de nitrates ; 44 % proviendraient de l’agriculture installée dans le bassin versant et 30 % des villes. Si les deux tiers atteignent la mer Noire, seulement un tiers (soit 160.000 tonnes), est dégradé au sein des eaux du fleuve.
Il est urgent de redonner aux plaines d’inondation leurs fonctions
Or, on sait qu’une quantité de nitrates trop importante dans l’eau dégrade fortement sa qualité et impacte négativement les écosystèmes fluviatiles, mais également marins. Les tonnes de nitrates se déversant dans les mers et les océans via les fleuves sont en effet responsables d’une eutrophisation des milieux côtiers, provoquant des modifications des équilibres physico-chimiques, une prolifération des algues et des dysfonctionnements majeurs au sein des écosystèmes marins.
Il restait à quantifier l’impact de la déconnexion des plaines d’inondation sur la rétention des nitrates dans l’eau du fleuve. Les résultats de l’étude montrent que les plaines d’inondation actives contribuent normalement à retenir une part significative des nitrates dans leurs sols, même si la majorité est dégradée dans le réseau d’eau par l’action des bactéries ou la consommation par le plancton. Actuellement, ce sont 33.200 tonnes de nitrates qui sont retenues au niveau des plaines d’inondation du Danube, soit 6,5 % de l’apport total. Pour les chercheurs, il serait possible d’atteindre plus de 14 % si 1.300 km2 de zones inondables étaient reconnectées au réseau fluviatile.
L’étude met ainsi en lumière l’effet bénéfique des plaines d’inondation sur la qualité de l’eau des fleuves et rivières ainsi que la nécessité de les maintenir actives en restaurant leurs fonctions dégradées par les aménagements anthropiques. Des actions en ce sens favoriseraient également le maintien de la riche biodiversité associée à ces zones humides.
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